Le président d'un groupe de travail contre le décrochage scolaire croit que des entreprises comme Starbucks devraient faire preuve de flexibilité envers leurs employés qui sont aux études.

Jacques Ménard a déclaré mercredi qu'il était sympathique à la cause d'employés travaillant pour la multinationale du café qui veulent se syndiquer afin d'éviter l'imposition d'une semaine minimale de travail de 24 heures qu'ils jugent inconciliable avec leur horaire scolaire.

«Ca dépasse de beaucoup la seule question de la syndicalisation, a-t-il dit. Les gens qui sont là sont par définition tous des étudiants et ils ont à coeur la réussite scolaire. À cet égard là je suis sympathique à leur cause.»

M. Ménard, qui est président de BMO Groupe financier au Québec, a affirmé qu'il ne voulait pas attaquer spécifiquement Starbucks. Mais il a estimé que les commerces de détail doivent faire preuve de responsabilité afin d'éviter de détourner leurs employés des études.

«Ils doivent s'assurer que les jeunes ne consacrent pas plus qu'un certain nombre d'heures à leur emploi, sans quoi ils peuvent compromettre carrément leur succès académique, a-t-il dit. Il faut respecter le jeune dans son rôle d'étudiant.»

Selon M. Ménard, qui a déposé en mars un rapport pour favoriser la persévérance scolaire, les coûts sociaux du décrochage sont importants et il serait souhaitable d'en arriver à un consensus qui permettrait de fixer des limites aux heures travaillées par les étudiants, surtout lorsqu'ils sont au secondaire.

«Je ne vise pas plus Starbucks que d'autres, mais je trouve que 15 heures à 20 heures au maximum, ça me semble (suffisant)», a-t-il dit.

M. Ménard a d'ailleurs l'intention de rencontrer prochainement des représentants du secteur afin de les inciter à adopter un code qui prescrirait des seuils pour les employés aux études.

Selon lui, ces mesures devraient être adoptées volontairement mais le gouvernement devrait s'associer à la démarche auprès des commerces de détail.

«Dans la mesure où ils ont à interpeller le gouvernement sur toutes sortes de questions comme les heures de travail ou d'ouverture, le gouvernement peut peut-être interpeller l'association et les amener à se conformer à certaines règles de bonnes pratiques», a-t-il dit.

Le porte-parole de l'opposition officielle en matière de travail, le péquiste François Rebello, a pour sa part déclaré que la situation de Starbucks démontre la nécessité d'intégrer dans la loi sur les normes du travail un maximum d'heures exigées des étudiants.

Dans une lettre expédiée mercredi à la multinationale du café afin de lui demander de renoncer à un seuil minimal, M. Rebello fait référence à des études estimant qu'au-delà de 15 heures hebdomadaires, le travail à temps partiel contribue au décrochage scolaire.

«Il va falloir aller au niveau de la législation dans ce contexte-là, a-t-il dit. Mais à court terme, la compagnie n'a pas besoin de la législation pour bouger. Ils ont une responsabilité sociale à assumer.»

Le ministre du Travail, David Whissell, a quant à lui jugé que les normes du travail sont suffisantes dans leur version actuelle.

«Pour l'instant, il n'y a rien qui nous amènerait à modifier les règles au niveau des normes minimales, a-t-il dit. Le code du travail a atteint un certain équilibre et puis une maturité dans nos moeurs.»

M. Whissell mise sur le contexte de pénurie de la main-d'oeuvre dans le secteur du détail pour inciter les entreprises à offrir des conditions concurrentielles.

«S'ils veulent offrir des normes qui vont au-delà des normes minimales prévues dans la loi sur les normes, ça revient à eux», a-t-il dit.