Au cours de la dernière année, 18,5 postes de professeurs réguliers ont été abolis à l'Université de Montréal. Et au prochain trimestre, aucun nouveau poste ne sera créé. Une situation alarmante qui menace la qualité de l'enseignement, selon le Syndicat général des professeurs et professeures de l'Université de Montréal (SGPUM).

«Les tâches des professeurs s'alourdissent de plus en plus. Les suppressions de postes ne peuvent plus durer», estime le secrétaire du SGPUM, Michel Seymour.

 

En 2008-2009, 42 nouveaux professeurs ont été engagés par l'institution située sur les flans du mont Royal. Mais 60,5 départs à la retraite ont été enregistrés. L'attrition est donc bien réelle, martèle M. Seymour.

Confrontée à un déficit récurrent de 15 millions de dollars, l'Université de Montréal a aussi gelé toute embauche pour les sept prochains mois. «Et si le gel s'étale sur un an, 60 nouveaux postes seront abolis», calcule M. Seymour.

Le vice-recteur aux affaires académiques de l'UdeM, Jacques Frémont affirme plutôt que seulement 10,5 postes disparaîtront jusqu'en 2010. «Les postes qui étaient affichés pour la prochaine session ont été comblés. Le corps professoral compte environ 1300 membres. La baisse de 10,5 postes est donc marginale.»

Au cours des prochains mois, l'UdeM tentera de trouver des solutions à ses problèmes de financement. «Le gel de l'embauche n'est pas une tendance. Les grandes universités de recherche ne peuvent pas survivre sans développer leur corps professoral», assure M. Frémont.

En attendant, le SGPUM s'inquiète. «Nous perdons des étudiants aux études supérieures en grande partie parce que les professeurs ne peuvent plus tous les superviser», dit M. Seymour. Ce dernier craint d'ailleurs qu'un cercle vicieux ne s'installe. Car si l'UdeM perd des étudiants, elle aura moins d'argent pour engager des professeurs et elle attirera donc moins d'étudiants...

Le SGPUM, dont la convention collective est échue depuis un an, est actuellement en négociations. Le syndicat demande entre autres l'ajout de 150 nouveaux postes de professeurs à l'UdeM.

Dans une lettre ouverte publiée hier dans La Presse, la chancelière à l'Université de Montréal, Louise Roy, explique que si les universités québécoises sont obligées de supprimer des postes de professeurs, c'est à cause de leur problème de sous-financement. «Concrètement, l'UdeM dispose annuellement de 2700$ de moins par étudiant que les grandes universités de recherche du Canada auxquelles elle se compare, soit près de 90 millions par année», écrivait-elle.

M. Seymour est du même avis. «L'Université de Montréal a un déficit depuis plusieurs années. Le problème est là depuis longtemps. Mais c'est la première fois qu'elle décide officiellement de couper en diminuant le nombre de postes de professeurs», nuance M. Seymour.

Dans une lettre envoyée en avril dernier au rectorat de l'UdeM, des directeurs de départements de la faculté des arts et des sciences dénoncent le manque de professeurs. «Plusieurs disciplines de notre secteur doivent dorénavant faire appel au bénévolat de professeurs actifs ou de professeurs à la retraite pour arriver à respecter leurs obligations envers leurs étudiants. Les ressources qui nous sont attribuées sont insuffisantes pour leur assurer une formation de qualité», écrivent les signataires.