Cinq jours pour entrer petit à petit à la maternelle en septembre: c'est ce que demande la Fédération des syndicats de l'enseignement (FSE). «C'est nécessaire pour assurer d'une entrée harmonieuse dans le milieu scolaire», a dit à La Presse Manon Bernard, présidente de la FSE.

Depuis le mois de septembre 2006, l'entrée progressive au préscolaire se fait en deux jours, minimum, comme le prescrit la convention collective des enseignants. Cela a eu pour effet inattendu que bien des écoles ont ramené leur entrée à temps partiel, autrefois étalée sur une semaine, au minimum prescrit, dénonce la FSE.

C'est le cas de la commission scolaire des Samares, où, en 10 ans, l'entrée progressive est passée de huit à six jours, puis à deux. «C'est déplorable, a commenté François Breault, président du Syndicat de l'enseignement de Lanaudière. On nous dit souvent que les enfants d'aujourd'hui vont tous au CPE, qu'ils ont vécu l'expérience de groupe, mais ce n'est pas vrai, particulièrement en milieu défavorisé.»

En accueillant les petits avec leurs parents pendant une heure ou deux, puis pour quelques demi-journées en groupe réduit, on favorise la réussite, fait valoir Mme Bernard. «Si tu pars bien, que tu établis une relation avec l'enseignant, que tu apprends la routine de l'école, tu mets plus de chances de ton côté», a-t-elle précisé.

180 jours d'école

«On estime que, en 2009, alors que les enfants fréquentent très majoritairement les CPE et les services de garde, le saut est moins important qu'il y a 15 ans, soutient Denis Pouliot, porte-parole de la Fédération des commissions scolaires. Deux jours d'entrée progressive, c'est correct. Si une école en veut davantage, elle peut s'entendre avec sa commission scolaire. Il faut toutefois respecter le minimum de 180 jours de classe.»

Au contraire, la FSE indique dans son dernier bulletin d'information qu'une dérogation aux 180 jours de classe peut être demandée aux commissions scolaires «pour vivre une entrée progressive». Elle propose même une marche à suivre aux écoles qui veulent tenter le coup.

Anne-Marie Gosselin, de Boucherville, dont le fils aîné est en maternelle, a un avis partagé sur la question. Son garçon, Xavier, a eu une entrée progressive de deux jours l'automne dernier. «Ça m'a paru assez, a-t-elle noté. Il était prêt, très enthousiaste et ça a bien cliqué avec son professeur. Une entrée à temps partiel qui dure plus de deux jours, pour ceux qui travaillent, ça peut être dur à gérer. Mais en même temps, si l'enfant est anxieux, deux jours, ce n'est sûrement pas assez.»

Jean-Pascal Bernier, l'attaché de presse de la ministre de l'Éducation, a dit: «Si ça fait partie des demandes des enseignants, ce sera discuté aux prochaines négociations.»