Le boom de popularité des écoles privées ne se dément pas au Québec. En quatre ans, le nombre d'élèves inscrits au primaire privé a augmenté de 7%, pour atteindre 31 700 enfants en 2007-2008. À l'opposé, le public a perdu 14 % de son effectif au cours de la même période.

Au secondaire, la hausse de fréquentation du privé est encore plus forte, avec un gain de 9% en quatre ans, contre une augmentation de moins de 3% au public. Résultat: près de 89 000 élèves fréquentaient le secondaire privé en 2007-2008, selon les dernières données du ministère de l'Éducation.

Les écoles privées viennent de connaître une période faste, reconnaît Auguste Servant, porte-parole de la Fédération des établissements d'enseignement privés. «Mais pour l'année en cours, 2008-2009, c'est une première : on n'a pas connu de hausse, on a plutôt maintenu notre clientèle», a-t-il précisé.

C'est en soi un exploit, quand on sait que les écoles publiques ont perdu 20 000 élèves cette année. «C'est un constat qu'on ne peut pas nier : nos établissements arrivent à maintenir leur clientèle, alors qu'au public, ils sont plus confrontés aux problèmes démographiques», a reconnu M. Servant.

Bond de 30% au secondaire privé à Laval

L'attrait du privé est particulièrement frappant à Laval, avec une hausse de 15% de la clientèle du primaire privé en quatre ans, et de 30% au secondaire. L'école primaire privée Charles-Perreault, dans le quartier Duvernay, a justement atteint sa pleine capacité il y a quatre ans. Même s'il faut payer 5400 $ par an pour y envoyer son enfant, ce qui ne comprend pas la garderie après l'école, plusieurs candidats sont refusés faute de place. «Pour 2009-2010, c'est plein, a indiqué Jean-Marc Laspeyres, directeur général de Charles-Perreault. On commence à inscrire pour 2010-2011.»

En Montérégie, la hausse de fréquentation du primaire privé a été de 11% en quatre ans, et de 9% au secondaire privé. Le phénomène est légèrement moins important à Montréal, avec une augmentation de 3% au primaire privé et de 9% au secondaire privé entre 2003-2004 et 2007-2008.

C'est après avoir consulté le Palmarès des écoles que Sanda Popa a choisi d'inscrire son fils de cinq ans au privé. «J'ai vu que les écoles privées se classaient mieux que les écoles publiques, mis à part les écoles internationales», a-t-elle expliqué. En septembre prochain, Marc-Alexandre commencera la maternelle au collège Jacques-Prévert, situé près de l'hôpital du Sacré-Coeur. «Je me suis dit que j'allais mettre toutes les chances de son côté, a poursuivi sa mère. Il faut dire que c'est parce qu'il est enfant unique qu'on peut se le permettre.»

Cette année, le collège Jacques-Prévert accueille 388 élèves, soit une quinzaine de plus que l'an dernier, à la suite d'un agrandissement. «Vers 2006, on a eu une hausse marquante, avec une classe de plus, a dit Élisabeth Desfonds, directrice générale du collège partiellement subventionné. Mais on veut rester une petite école.» Sa clientèle est multiethnique, avec 33% d'élèves d'origine québécoise, 32% d'origine libanaise et 35% d'autres origines.

«Une lutte déloyale»

Mise au parfum des dernières statistiques, Chantal Crochetière, présidente par intérim du Syndicat de l'enseignement de la région de Laval, a dénoncé «la lutte déloyale» entre le public et le privé. «Nous décrions le fait que les écoles privées soient financées à 60% par le gouvernement, a-t-elle dit. C'est au détriment du public, c'est clair. On sait très bien qu'il y a des élèves qui nous reviendraient au public s'il n'y avait pas ce financement-là. Le public aurait alors des moyens pour offrir des services beaucoup plus adéquats.»