C'est ce soir que sera fixé le sort de neuf écoles de Longueuil et Saint-Hubert, menacées de fermeture en raison du déclin du nombre d'enfants. «On a une décroissance réelle de 5575 élèves depuis 1998», indique Lucie Désilets, présidente de la commission scolaire Marie-Victorin. Seule une école de son territoire a fermé jusqu'à maintenant, dans l'ex-Ville Le Moyne, en 2003.

«La décroissance a bien sûr un impact sur les subventions que nous recevons», dit la présidente. Si aucun changement n'est apporté, le déficit cumulé «dû à la diminution des effectifs scolaires» sera de 21 millions dans 5 ans, précise le Plan d'organisation scolaire 2009-2014 de Marie-Victorin.

 

«Ce qui nous guide, c'est le maintien des services de qualité», assure Mme Désilets. Les petites écoles offrent des activités moins variées, moins de services professionnels, plus de classes multi-âges, voire une plus grande concentration d'élèves en difficulté, fait valoir la commission scolaire.

Un maximum de cinq des neuf écoles pourraient fermer en juillet. «Ou aucune», dit Mme Désilets, redonnant espoir aux communautés qui se battent pour la survie de leur école. Le problème, c'est que la baisse du nombre d'élèves est répartie dans plusieurs écoles, qui refusent toutes d'être sacrifiées au profit des autres.

Pétition de 2000 signatures

«Quand une école part, ça tue un peu le quartier», dit Sylvain Jacob, responsable du service de garde à l'école Paul-Chagnon, dans Saint-Hubert. Plus de 2000 personnes ont signé une pétition réclamant la survie de l'établissement, fréquenté par 267 enfants. Plantées devant les commerces et maisons des alentours, des pancartes demandent aussi son maintien. «Si Paul-Chagnon ferme, plus de 600 élèves changeront d'école à cause de l'effet domino qui suivra», dénonce M. Jacob. Un scénario confirmé par la commission scolaire.

L'opposition est aussi vive à Longueuil, où les écoles ne sont qu'à quelques rues les unes des autres. «Ça ne me tente pas que mon école ferme, dit Antonin Mevel, 12 ans, qui va à l'école Sainte-Claire. C'est près de chez moi, les profs ne sont pas trop sévères et ils sont dynamiques.» Présidente du conseil d'établissement de Sainte-Claire, Monique Bastien, sa mère, combat la fermeture de l'école pour la deuxième fois en trois ans. «C'est n'est pas du tout justifié, indique-t-elle. Tous les élèves marchent pour aller à l'école. En la fermant, ils économiseraient des cennes noires comparé au déficit.» Condamner Sainte-Claire ferait gagner 208 013$ par an, selon la commission scolaire.

Mélanie L'Archevêque-Gariépy lutte, quant à elle, pour sauver l'école des Quatre-Vents, où va son fils qui a des difficultés d'apprentissage. «Quand tu rentres dans cette école-là, c'est jovial, témoigne-t-elle. Tu n'es pas numérotée, tu ne sens pas qu'ils se disent: Ah, c'est la mère du petit mozusse!»

Le Syndicat de l'enseignement de Champlain, qui représente les enseignants de Marie-Victorin, propose de sauver les écoles en éliminant les subventions au privé. Cela permettrait d'aller chercher plus de 1000 élèves, qui quitteraient les écoles privées devenues trop chères, estime le syndicat.

Tous ont apprécié l'écoute des commissaires de Marie-Victorin, qui ont tenu des audiences publiques où 66 mémoires ont été déposés. «Ça nous a fait cheminer, assure Mme Désilets. C'est clair aussi que la ministre a appelé à la prudence, mais à Marie-Victorin, on avait cette prudence.»

Fermetures à Laval: une erreur?

Peut-on tirer des leçons de l'expérience de Laval, où une dizaine d'écoles primaires et trois écoles secondaires ont fermé ces dernières années? Pas sûr. «Ça a été une bien grosse erreur, affirme Chantal Crochetière, présidente par intérim du Syndicat de l'enseignement de la région de Laval. Au secondaire, il y a aujourd'hui 2422 élèves de plus, mais 3 écoles de moins. Ça a clairement comme conséquence que les écoles sont surpeuplées.»

Oui, des écoles secondaires débordent, «mais ce n'est pas du tout à cause des fermetures», répond Louise Lortie, présidente de la commission scolaire de Laval. Plutôt parce que la clientèle est mal répartie dans l'île Jésus. L'école secondaire Leblanc, située dans l'Est, est à moitié vide, illustre-t-elle. «On va probablement déplacer des élèves», précise la présidente.

Sur la Rive-Sud, le suspense prendra fin quand le conseil des commissaires de Marie-Victorin se réunira ce soir, à 19h30. «J'ai hâte de savoir, dit Mme Bastien, de l'école Sainte-Claire. J'en fais des cauchemars la nuit.»