La «répétition de fiascos financiers comme celui de l'îlot Voyageur à l'UQAM» n'est pas à exclure, selon une étude de l'Institut de recherche et d'informations socio-économiques (IRIS). «Abstraction faite des malversations des gestionnaires propres à l'UQAM, on a reproduit ailleurs le même modèle d'investissement qui laisse le public porter seul toute la responsabilité des risques», a indiqué hier Jean-François Landry, coauteur de l'étude.

Actuellement, le privé bénéficie «d'une source de revenu stable et assurée pour plusieurs années» grâce aux partenariats public-privé (PPP) avec les universités, avance la recherche. Tant l'UQAR, l'UQTR que l'UQO «reprennent le même type d'entente qui liait l'UQAM à son partenaire privé», a affirmé Philippe Hurteau, aussi coauteur de l'étude Les PPP dans les universités québécoises. Ces universités signent un «chèque en blanc» à leurs partenaires privés, selon eux.

 

À l'UQAM, on trouve «un PPP à l'envers», souligne l'étude: «L'UQAM garantit les emprunts de la firme privée et prend en charge les opérations en assumant tous les risques.» À l'UQAR, c'est le nouveau campus de Lévis qui inquiète les chercheurs. «Malgré le fait que le promoteur demeure l'unique propriétaire légal du campus», l'UQAR garantit le prêt et doit acquitter les frais variables liés à l'occupation de la bâtisse, font-ils valoir. À l'UQTR, les risques liés au récent Centre intégré en pâtes et papier sont aussi «sous l'entière responsabilité» du public. Vient enfin l'UQO, qui bâtit son campus de Saint-Jérôme suivant le même modèle, d'après M. Hurteau.

Pas des PPP, selon le gouvernement

«C'est sûr qu'il s'est passé des choses dans ces universités-là qui peuvent être questionnées et on croit que les chercheurs font bien de le faire, a commenté Hugo Delaney, porte-parole de l'Agence des PPP. Mais selon le gouvernement, il ne s'agit pas de PPP.» Ces projets n'en sont pas justement parce «qu'il n'y a aucun partage de risque entre le partenaire privé, le gouvernement et l'université», a-t-il indiqué.

L'UQAM n'a pas pu réagir à l'étude. «Nous sommes toujours liés par notre entente de confidentialité avec Busac sur ce dossier», a expliqué Francine Jacques, directrice des relations avec la presse de l'UQAM.

Le recteur de l'UQAR, Michel Ringuet, a quant à lui tenu «à dénoncer l'interprétation fautive et biaisée» des chercheurs. Les risques liés au campus de Lévis de l'UQAR «sont partagés entre l'entrepreneur privé et l'université», a-t-il affirmé.

Très étonné par l'étude, le recteur de l'UQTR Ghislain Bourque a fait valoir qu'il n'avait jamais fait de PPP. «Il n'y a aucun lien entre ce qu'on a fait et ce qui s'est passé à l'UQAM», s'est-il défendu. Le Centre intégré en pâtes et papier fonctionne «comme ça se fait partout dans les chaires industrielles», a-t-il fait valoir.

N'ayant pas lu l'étude, l'UQO n'a émis aucun commentaire.