Le gouvernement du Québec devrait empêcher les programmes scolaires spécialisés de sélectionner leurs élèves sur la base des notes, qu'ils soient dans une école privée ou publique, estime la Centrale des syndicats du Québec.

«On n'est pas contre les programmes spécialisés. On veut juste qu'ils soient ouverts à tous», a déclaré hier Réjean Parent, président de la CSQ. «Plus il y a de sélection, plus il y a d'exclus, a-t-il ajouté. Et ceux qui sont exclus des projets éducatifs spécialisés sont ceux qui en ont le plus besoin.»

 

La centrale syndicale, qui représente 160 000 enseignants et autres professionnels de l'éducation, y est allée hier de ses demandes aux partis politiques, au troisième jour de la campagne électorale provinciale.

Diminuer le nombre d'élèves

La CSQ veut que les partis s'engagent à diminuer le nombre d'élèves par classe, tout comme l'a fait l'Ontario, dont l'objectif est de 20. Au Québec, il peut y avoir jusqu'à 29 élèves par classe, voire plus au secondaire.

Et ces classes sont de moins en moins «normales», selon Manon Bernard, de la Fédération des syndicats de l'enseignement. «C'est le résultat de la sélection d'un côté et de l'intégration massive d'élèves en difficulté de l'autre, dit-elle. Une classe de 25 avec sept ou huit élèves en difficulté peut-elle fonctionner normalement?»

Lutter contre le décrochage

M. Parent ajoute que le Québec doit impérativement lutter plus efficacement contre le décrochage, avec la pénurie de main-d'oeuvre qui s'annonce. «C'est bien beau avoir une vision économique, mais l'économie repose sur l'éducation. Le Québec va avoir 700 000 emplois à combler qui nécessitent un diplôme du secondaire ou du collégial.»

Et la lutte contre le décrochage passe par une hausse des budgets en éducation, dit-il. «On a tout fait ce qui était faisable avec les moyens qu'on a.»

La CSQ estime à 700 millions le retard du Québec pour les dépenses annuelles en éducation primaire et secondaire, par rapport à la moyenne canadienne. À cela, il faudrait ajouter 500 millions pour les collèges et les universités.