Difficile de faire plus rapide: moins de 72 heures après que la Cour supérieure eut jugé invalides et inconstitutionnelles deux lois provinciales qui privaient les éducatrices de services de garde en milieu familial du droit de se syndiquer, des responsables doivent présenter dès ce matin une première demande d'accréditation syndicale.

La requête vise les employées de services de garde de l'Estrie, région choisie judicieusement par les syndicats: c'est celle de Jean Charest, dont le gouvernement a adopté sous le bâillon ces fameuses lois 7 et 8 en décembre 2003. «À l'approche d'une éventuelle campagne électorale, nous voulons envoyer un message très clair au premier ministre et à son gouvernement. Jean Charest a nié depuis son arrivée au pouvoir en 2003 les droits fondamentaux de milliers de femmes, portant ainsi délibérément atteinte à leur dignité. Nous lui disons aujourd'hui que cela a assez duré et qu'il doit maintenant respecter le jugement intégralement», a affirmé hier en conférence de presse Louise Chabot, vice-présidente de la Centrale des syndicats du Québec, l'une des formations qui ont mené cette longue bataille juridique.Un salaire de 5$ l'heure

Janick Dubé, éducatrice à Sherbrooke, espère que cette action lui permettra de rehausser de façon marquée ses conditions de travail. Elle affirme qu'elle ne gagne pas plus de 5$ l'heure actuellement. «et si on veut prendre des vacances, si on doit prendre congé parce qu'on est malade ou à la suite d'un accident du travail, c'est toujours à nos frais», ajoute-t-elle.

Permettre aux quelque 14 000 éducatrices de services de garde en milieu familial d'obtenir les mêmes conditions de travail que leurs homologues des centres de la petite enfance entraînera des dépenses importantes pour l'État. Québec pourrait donc être tenté d'interjeter appel du verdict. Il dispose de 30 jours pour le faire, mais les centrales syndicales l'ont exhorté hier à s'en abstenir.

Le porte-parole du ministère de la Famille, Jean-Pascal Bernier, a indiqué hier qu'aucune décision n'avait encore été prise. Le Ministère n'a pas terminé l'étude du jugement de plus de 100 pages, rendu public en fin de journée vendredi.