L'Institut économique de Montréal tente de répondre à ses critiques en ajoutant des nouvelles données pour juger de la performance des écoles.

Résultat: il y a plus d'écoles publiques, et de toutes les régions du Québec, qui se classent très bien quand on tient compte de facteurs comme le revenu des parents et le nombre d'élèves ayant redoublé au sein de l'école.

 

Dans les huit classements précédents, publiés par la revue L'actualité, les écoles privées de Montréal dominaient le haut du palmarès. Elles l'occupent toujours cette année, dans le classement «traditionnel» basé uniquement sur les résultats aux examens. Avec une exception: l'École internationale, une école publique qui sélectionne ses élèves.

Mais dans le classement «nouveau et amélioré», basé sur un «indicateur d'impact», c'est une école publique de la Côte-Nord qui remporte la palme. Dans les 20 premières places, on trouve 15 écoles publiques et 11 écoles qui ne font aucune sélection à l'entrée.

Le nouvel «indicateur d'impact» veut mesurer la performance d'une école, compte tenu de sa clientèle. «On introduit des facteurs dont nous rêvions», a affirmé la rédactrice en chef de L'actualité, Carole Beaulieu.

Ces facteurs sont la scolarité de la mère, le revenu des parents, le pourcentage d'élèves en retard dans leur cheminement scolaire et le fait que l'école sélectionne ou pas ses élèves.

Par exemple, l'un de ces facteurs, le niveau d'éducation de la mère, est «déterminant», selon les données de la recherche scientifique, explique Marcel Boyer, économiste en chef de l'IEDM.

Est-ce à dire que les huit classements précédents sont à jeter aux ordures? «On pense que le palmarès produit cette année est supérieur, répond M. Boyer. On croit qu'on a fait un pas de géant. Mais c'est comme pour les logiciels. L'arrivée d'une deuxième génération ne fait pas en sorte que la version précédente était inutile.»

Ce nouvel indicateur d'impact, «c'est une façon de mesurer la différence entre la performance des élèves, tel que prédit par leur profil socio-économique et les pratiques de l'école, et leur performance réelle», explique Mathieu Laberge, coauteur de l'étude.

«Les écoles qui se classent bien sont généralement des écoles qui ont des programmes pour prévenir le décrochage, dit-il. Ça peut être des petits programmes parascolaires. C'est dû au travail de l'équipe. Souvent, aussi, ce sont des écoles plus petites où un sentiment d'appartenance se développe.»

En tout cas, la nouvelle méthodologie donnera de la matière à réflexion aux nombreux critiques des palmarès qui se sont fait entendre depuis 2000.

Plus tôt cette semaine, dans un geste inusité, tout le milieu de l'enseignement - la Centrale des syndicats du Québec, la Fédération des comités de parents, la Fédération des commissions scolaires et la Fédération des établissements d'enseignement privés - s'était uni pour tirer à boulets rouges sur les palmarès.

Hier, aucun d'entre eux n'a voulu commenter sa nouvelle version.

Denyse Lamothe, coordonnatrice du Centre de recherche et d'intervention sur la réussite scolaire (CRIRES) de l'Université Laval, qui a toujours été critique du travail de l'IEDM, a exprimé sa satisfaction, sous toute réserve.

«Le fait qu'ils corrigent le tir, ça nous dit que nos actions ont porté fruits, que nos critiques étaient justifiées, a-t-elle dit. Mais je me méfie de ce que fait l'IEDM. Je dois me pencher sur leur travail plus en détail.»

«Il reste que les écoles n'ont pas été mises sur pied pour se faire concurrence, dit-elle. C'est un service public offert à tous. Alors qu'un palmarès, par définition, c'est le résultat d'un concours.»

Pour consulter le palmarès https://www.lactualite-iedm.com/fr/