Pour réduire le stress vécu par les élèves qui tentent d'entrer au secondaire privé, six collèges de Montréal ont mis en commun leur processus de sélection pour la première fois cette année. « Certains parents font passer quatre, cinq, six examens aux enfants, a dit à La Presse André Lacroix, directeur général du collège Mont-Saint-Louis. On a voulu réduire ça. »

Dorénavant, il suffit de passer l'examen d'entrée dans le collège de son choix parmi les six participants. Au Mont-Saint-Louis, 1200 préadolescents ont passé le concours d'entrée la fin de semaine dernière. Or, il n'y a que 300 places pour septembre 2009. « On a dit aux parents qu'advenant qu'on refuse leur enfant, on leur proposait d'envoyer le dossier dans les autres écoles », a indiqué M. Lacroix. Nul besoin de se déplacer, de faire un autre test, ni même d'en payer les frais.Dès l'an prochain, un examen unique aura lieu au même moment, pour tous. En plus du Mont-Saint-Louis, les collèges Reine-Marie, Jeanne-Normandin, Mont-Royal, Ville-Marie et Rachel prennent part à l'initiative, et d'autres sont attendus l'an prochain. « On tente de faire ça de plus en plus, pour éviter la course aux tests », confirme Jean-Marc St-Jacques, président de la Fédération des établissements d'enseignement privés.

Heureusement, parce que les tests sont éreintants. « Les enfants sortent de là complètement drainés, témoigne Laure Galipeau, dont le fils de 11 ans s'est présenté à deux examens le week-end dernier. Un de ses copains n'est même pas allé à l'école lundi matin, parce qu'il était vidé. C'était trop d'émotion. » Mme Galipeau a tenté de réduire le stress de son fils en ne l'inscrivant pas aux cours préparatoires, « même si beaucoup autour de lui le vivaient », dit-elle. « Ça reste des examens d'admission, pas de sortie ! » fait-elle valoir.

Quatre fois plus d'appelés que d'élus

Mais la compétition est féroce. Jean-Eudes, l'un des collèges les mieux cotés du Québec, a reçu cette année 1125 candidatures pour 350 places. Au Collège de Montréal, la disproportion entre les appelés et les élus est encore plus grande, puisque 800 élèves se sont présentés, alors qu'il n'y a que 200 places.

Au total, près du tiers des élèves du secondaire francophone fréquentent une école privée dans l'île de Montréal. Alors que le public perd des plumes (641 élèves en moins en un an), le privé a conservé sa part du marché avec 24 000 élèves en 2007-2008.

Il faut y mettre le prix : il en coûtera 3166,65 $ pour envoyer son enfant au Collège de Montréal l'an prochain, ce qui n'inclut ni l'uniforme ni les repas. Au Mont-Saint-Louis, la facture s'élève à 2725 $, et à Jean-Eudes, à 3005 $. Des bourses peuvent aider les moins fortunés ; 2850 élèves en ont profité au Collège de Montréal depuis 1964.

Quant aux réponses des collèges, elles tomberont au cours des prochains jours. Signe des temps, au moins deux d'entre eux ont choisi de faire connaître leur verdict par l'internet. Tant à Regina Assumpta qu'à Notre-Dame, il suffit d'entrer le code d'accès de son enfant dans le site internet du collège pour savoir s'il est admis ou refusé.

Effectif des écoles secondaires francophones, 2007-2008

Île de Montréal

> Privé : 24 000 élèves ou 32 %

> Public : 52 000 élèves ou 68 %

> Total : 76 000 élèves

En quatre ans, le privé a gagné 2 % du total d'élèves

Montérégie

> Privé : 17 600 élèves ou 21 %

> Public : 67 600 élèves ou 79 %

> Total : 85 200 élèves

En quatre ans, le privé a gagné 1 % du total d'élèves

Laval

> Privé : 3500 élèves ou 17 %

> Public : 16 800 élèves ou 83 %

> Total : 20 300 élèves

En quatre ans, le privé a gagné 2 % du total d'élèves

Source : ministère de l'Éducation