La voie de contournement ferroviaire de Lac-Mégantic pourrait être complétée d'ici 2022, a signalé ce matin le ministre fédéral des Transports, Marc Garneau, au cours d'une conférence de presse à Lac-Mégantic en présence des premiers ministres Justin Trudeau et Philippe Couillard.

En plein coeur du centre-ville ravagé, les élus avaient l'air grave alors qu'ils profitent généralement d'un événement du genre pour vanter leurs réalisations. 

« D'habitude, on sourit tous quand on annonce un projet d'infrastructure, mais là, il n'y a rien qu'on ne donnerait pas pour ne pas faire cette annonce », a affirmé le premier ministre du Canada, Justin Trudeau.

Près de cinq ans après la tragédie ferroviaire qui avait enflammé leur centre-ville et coûté la vie de 47 personnes, les Méganticois ont obtenu l'assurance que les trains ne traverseront plus le coeur de leur municipalité.

Trudeau et Couillard ont confirmé s'être entendus sur le financement de la voie de contournement ferroviaire réclamée depuis le déraillement de train catastrophique du 6 juillet 2013. Ottawa épongera 60 % de la facture et Québec, les 40 % restants. Le coût total de cette voie de 12,8 kilomètres est évalué à 133 millions.

Le ministre fédéral des Transports, Marc Garneau, et plusieurs élus régionaux étaient présents au moment de l'annonce, réalisée devant la gare patrimoniale de cette municipalité de l'Estrie.

Le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, a mentionné que le drame de Lac-Mégantic était de ceux qui entrent dans la catégorie d'événements dont on se rappelle exactement ce qu'on faisait ce jour-là. 

Pour l'ex-mairesse, Colette Roy-Laroche, l'annonce d'aujourd'hui est un « moment très émouvant ». « Ce n'est pas le 11-Septembre, mais le 11 mai, a-t-elle dit à M. Couillard, le sourire aux lèvres. On ne peut rien changer au passé. On doit passer par-dessus et avancer. »

Objectif 2022 

Quand sera complétée la voie de contournement ? « Nous voulons le faire le plus rapidement possible », a répondu le ministre Garneau. Si tout va comme prévu, les travaux devraient être terminés en 2022, a-t-il ajouté.

Selon Marc Garneau, les autorités fédérales s'entendront bientôt avec les 44 propriétaires qui devront céder les quelque 80 terrains nécessaires à la construction de la voie de contournement. Le ministre a bon espoir que les travaux seront terminés d'ici 2022.

Philippe Couillard a mentionné qu'il y aurait un BAPE sur le projet et son tracé et que des modifications pourraient être apportées, mais qu'il n'y aurait pas de changements majeurs au tracé proposé. 

Le premier ministre Philippe Couillard s'est dit conscient que cette entente de principe était « grandement attendue », mais il a rappelé qu'un projet d'une telle envergure « ne peut pas s'improviser ».

Des cinq tracés analysés par la municipalité dans le cadre d'une étude de faisabilité, il fallait en retenir un « juste assez éloigné, mais aussi juste assez proche pour soutenir le développement économique », a relevé M. Couillard.

Le premier ministre québécois a dit passer le flambeau au gouvernement fédéral, qui devient « maître d'oeuvre » de ce projet.

« Nous espérons qu'en veillant à ce que les trains quittent le centre-ville pour de bon, nous contribuerons à alléger le fardeau (des Méganticois) », a dit le premier ministre Justin Trudeau, le ton grave.

Ce projet représente plus qu'un simple déplacement de rail, a renchéri la mairesse de Lac-Mégantic, Julie Morin, applaudissant « un grand projet de reconstruction sociale ».

« C'est la reconnaissance de la part de tous les Canadiens et de tous les Québécois de la profonde blessure qu'a vécue la région de Lac-Mégantic », a-t-elle soutenu.

La tragédie du 6 juillet 2013 avait été causée par un convoi transportant du pétrole brut. Ses 72 wagons avaient été garés pour la nuit en haut d'une pente à Nantes. Le train s'était mis en branle de lui-même, prenant de la vitesse et déraillant au petit matin. Il avait explosé au coeur de Lac-Mégantic, dévastant le centre-ville et tuant 47 personnes au passage.

Ottawa est également parvenu à une entente avec le promoteur du projet, Central Maine & Quebec Railway. L'entreprise ferroviaire, née des ruines de la Montreal Maine and Atlantic (MMA), exploitera la nouvelle infrastructure, dont elle sera également propriétaire, selon le cabinet du premier ministre Trudeau.

- Avec La Presse canadienne