Le gouvernement Couillard souhaite qu'Ottawa en fasse davantage pour calmer les inquiétudes des résidants de Lac-Mégantic relativement au transport ferroviaire. Le ministre des Affaires municipales, Pierre Moreau, demandera au gouvernement Harper d'adopter de nouvelles mesures pour assurer que les trains qui circulent dans la ville respectent les normes.

«Ce à quoi on travaille, c'est de faire des représentations au gouvernement fédéral pour dire les mesures qui devraient être prises en amont de la circulation d'un convoi sur le territoire de Lac-Mégantic», a indiqué M. Moreau, hier.

Québec a mis sur pied un comité interministériel visant à faciliter la reconstruction de la petite ville, dont le centre-ville a été rasé par le déraillement et l'incendie d'un train transportant 72 wagons de pétrole brut. L'objectif est de créer un «guichet unique» pour répondre aux demandes des citoyens et des autorités locales.

Mais le fédéral a aussi un rôle à jouer, selon M. Moreau, surtout que l'acquéreur de la Montreal, Maine&Atlantic, Fortress, souhaite transporter un jour du pétrole brut sur le chemin de fer.

Le ministre Moreau note que la voie ferrée qui sépare Nantes de Lac-Mégantic est marquée par une forte pente, l'une des plus abruptes sur un chemin de fer au Canada. Cette situation requiert une attention particulière des autorités fédérales, estime-t-il.

Il envisage de demander au gouvernement Harper d'aménager un lieu où les convois seraient inspectés. On pourrait ainsi s'assurer que les chargements respectent les normes, que les freins fonctionnent adéquatement et que la limite de vitesse est respectée.

«Il apparaît évident que la situation qui prévalait antérieurement n'amenait pas les vérifications ou les procédures suffisantes pour prévenir la situation dont les gens de Lac-Mégantic ont malheureusement été victimes», a indiqué le ministre Moreau.

Ottawa poursuivi

Dans les mois qui ont suivi la tragédie qui a fait 47 morts, plusieurs ont montré du doigt le fédéral. Le recours collectif des victimes de Lac-Mégantic a d'ailleurs visé Transports Canada, affirmant que ce ministère a été «grossièrement négligent» dans l'application de ses propres règlements.

Le ministre Moreau se garde bien de lancer la pierre au fédéral. Il a bon espoir que celui-ci accueillera avec ouverture ses demandes.

«Je n'ai aucune raison de croire que le gouvernement fédéral n'est pas aussi bien intentionné que le gouvernement du Québec pour assurer la sécurité des gens à Lac-Mégantic.»

Jacques Vandersleyen, consultant en sécurité ferroviaire et chargé de cours à l'Université du Québec à Rimouski, estime que Québec est dans son droit d'exiger qu'Ottawa resserre la sécurité ferroviaire à Lac-Mégantic. Si le fédéral avait correctement appliqué les normes, dit-il, le train de Lac-Mégantic ne se serait jamais immobilisé sur une voie principale à Nantes, le soir fatidique.

«Les dispositions réglementaires étaient très précises, mais elles n'étaient nullement appliquées», juge M. Vandersleyen.