«On va faire un vrai cirque au centre sportif de Lac-Mégantic. On se croirait dans l'antiquité quand un dictateur amenait les accusés au bûcher devant tout le monde. Pendant ce temps-là, le vrai dangereux est chez lui aux États-Unis.»

Lac-Mégantic et le groupe Fortress prêts à signer une entente

Dire que Daniel Roy, directeur du syndicat des Métallos, est choqué ne suffirait pas. Il fulmine, il bouillonne.

Son syndicat représente deux des trois employés de la Montréal Maine and Atlantic qui devront répondre aujourd'hui à 47 chefs d'accusation de négligence criminelle causant la mort.

Le chef de train Tom Harding et Richard Labrie. Jean Demaitre est un cadre non syndiqué.

Il dit avoir appris que les comparutions auront lieu au centre sportif de l'endroit. Il n'en revient pas. Il croit que ce n'est pas le cours normal de la justice. 

Il assure qu'un fonds de défense aux bénéfices des deux membres a été créé. 

Les membres du syndicat seront sollicités.

Pour lui, l'enquête de la Sûreté du Québec a accouché d'une souris.

«Tom Harding n'était pas dans le train quand c'est arrivé. Son train était couché au village voisin avec l'accord et permission de son employeur et de Transport Canada. Il n'a fait que respecter les règles», croit M. Roy.

«Le mauvais état des chemins de fer, ce n'est pas M. Harding qui en est responsable. L'état des ponts sur lequel  passent les trains, ce n'est pas la faute à M. Harding. Le fait qu'on transporte du pétrole partout dans les villes du Québec, c'est toujours bien pas la faute de Tom Harding et des employés de la MMA», tempête-t-il encore.

«Le vrai  responsable est le gouvernement fédéral avec sa déréglementation et la cession de chemins de fer à des petites compagnies comme la MMA. Voir la ministre des Transports se féliciter de l'arrestation de travailleurs est incroyable. On couve le gouvernement et les dirigeants de la MMA. Les gens de Mégantic le disent d'ailleurs. Ils sont surpris, ils se demandent il est où, l'américain», conclut-il en parlant du patron de la MMA, Ed Burkhardt.

PHOTO JÉRÉMIE STALL-PAQUET, ARCHIVES LA PRESSE

Tom Harding

Imacom, René Marquis

Ed Burkhardt

L'avocat de Thomas Harding déplore l'arrestation musclée de son client

L'avocat Thomas Walsh, qui représente Thomas Harding, estime que la Sûreté du Québec a employé des moyens disproportionnés pour arrêter son client, désormais accusé de négligence criminelle ayant causé la mort.

En entrevue à La Presse Canadienne, Me Walsh a souligné que M. Harding a été cueilli à son domicile par l'escouade tactique, alors que ce dernier vivait depuis un an au même endroit, et qu'il avait offert de se rendre volontairement en cour si des accusations étaient portées contre lui. Pour l'avocat, envoyer des policiers lourdement armés serait plus approprié pour mettre la main au collet de bandits, et non pas du conducteur qui «travaillait sur son bateau avec son fils».

Selon Me Walsh, un mandat d'arrêt n'était pas nécessaire, puisqu'un tel mandat n'est requis, selon lui, que lorsque d'autres méthodes - telle une assignation à comparaître - sont impossibles à mettre en pratique.

L'avocat croit qu'une telle façon d'agir reflète une certaine «attitude» que le gouvernement estime ferme, mais que Me Walsh qualifie de «juvénile».

Il était également impossible de savoir si Thomas Harding réclamera un procès séparé, puisque sa connaissance de la langue française est limitée.

Me Walsh croit que la Couronne pourrait ordonner la création d'un jury bilingue.

Les accusés doivent comparaître mardi à 14h au palais de justice de Lac-Mégantic.

-Avec La Presse Canadienne