Mieux vaut mener une enquête rigoureuse sur la tragédie de Lac-Mégantic que de déposer des accusations de façon précipitée, ont soutenu jeudi le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) et la Sûreté du Québec (SQ).

Les deux organisations ont ainsi réagi à la sortie de l'avocat Marc Bellemare, qui a dénoncé mercredi dans une lettre ouverte l'apparente lenteur des procédures judiciaires - lesquelles devraient vraisemblablement, selon lui, mener à des accusations de nature criminelle contre les responsables du drame.

Selon l'ancien ministre québécois de la Justice, il est «légitime de s'inquiéter» de ne voir aucune accusation tomber, et ce, cinq mois après les tragiques événements de l'été dernier.

Le porte-parole du DPCP, Me Jean-Pascal Boucher, a tenu à spécifier jeudi qu'il s'agissait d'un «dossier majeur» et que par conséquent, l'enquête criminelle n'était pas encore bouclée.

«On ne prendra pas de décision sans que l'enquête soit terminée. Mais au fur et à mesure que l'enquête se déroule, on prend connaissance des éléments, donc ça fait en sorte qu'on accélère le processus», a-t-il affirmé en entrevue téléphonique.

Un procureur a été spécialement attitré au dossier, et il collabore étroitement avec la SQ, a signalé M. Boucher.

«Le fait de porter des accusations, c'est une étape qui est importante, mais ce n'est pas la finalité d'un dossier. Il faut donc s'assurer d'avoir tous les éléments essentiels de l'infraction avant d'aller de l'avant», a insisté Me Boucher à l'autre bout du fil.

C'est le DPCP qui intente les poursuites au nom du public en matière criminelle et pénale, sous l'autorité du ministre de la Justice et procureur général.

Du côté de la police provinciale, on confirme que l'investigation est toujours en cours et qu'elle se déroule rondement. Le porte-parole de la SQ, Guy Lapointe, n'a pas voulu évoquer un échéancier en ce qui a trait à la conclusion de l'enquête, mais il a parlé «de mois».

Il s'est par ailleurs dit sensible au fait que certains puissent commencer à s'impatienter. «Cette tragédie-là a touché tellement de personnes, et on n'est absolument pas insensibles devant des gens qui ont hâte de voir ce qui va se passer», a exposé M. Lapointe.

«Mais nonobstant ça, notre devoir est de mener l'enquête avec le plus de rigueur possible. Si on ne faisait pas ça, si la vitesse de l'enquête était notre priorité, on risquerait d'en échapper», a-t-il conclu.

Le déraillement et l'explosion d'un convoi pétrolier de la Montreal, Maine & Atlantic Railway (MMA) a fauché 47 vies dans la nuit du 6 juillet à Lac-Mégantic.

Diverses actions judiciaires ont été intentées contre la compagnie ferroviaire américaine mais également contre d'autres acteurs, comme le transporteur Canadien Pacifique ou le propriétaire du pétrole, World Fuel Services, qui auraient, selon les plaignants, leur part de responsabilité dans ce drame.