La journaliste Stéphanie Mac Farlane et le photographe Éric Beaupré lancent ce mercredi le livre Lac-Mégantic: Les images de la tragédie. À la fois album de photos et récit chronologique, ce livre est une mémoire visuelle des événements de l'été dernier après la catastrophe meurtrière de Lac-Mégantic.

Avant le 6 juillet 2013, ce jour fatidique où un train fou a déraillé après s'être emporté sur les rails de Nantes, la journaliste Stéphanie Mac Farlane résumait Lac-Mégantic à son Astrolab, l'observatoire bien connu qui constituait l'attraction principale de la région.

Jusque-là, elle avait Lac-Mégantic par détour, en touriste en quelque sorte, le temps de regarder le ciel. Depuis l'été dernier, et après avoir couvert la catastrophe meurtrière et environnementale qui a défiguré le centre-ville de la petite municipalité, son lien avec Lac-Mégantic a changé.

Même chose pour le photographe Éric Beaupré, qui a foulé les lieux dans les heures qui ont suivi l'accident. Sa formation de pompier lui a donné un accès privilégié et des images saisissantes. Mais au-delà des nuées de feu et de fumée, Éric Beaupré cherchait aussi un sens à la tragédie.

En quittant la zone rouge, où des sapeurs refroidissaient à grands jets d'eau les wagons pour éviter que d'autres n'explosent, Éric Beaupré a aperçu un arc-en-ciel, né de vapeur et des rayons du soleil qui plombait ce jour-là. Cette photo a été choisie pour illustrer la couverture du livre Lac-Mégantic. Dans les pages du livre, le photographe expliquera qu'à ce moment précis, il s'est dit que rien n'était impossible «même dans les pires moments».

Portés par leur désir de faire «leur part», après leur travail sur le terrain, Éric Beaupré et Stéphanie Mac Farlane ont décidé de lancer ce livre témoin. Différentes sections reprennent en mots et en photos la chronologie des événements, les principaux acteurs et la liste des victimes.

La journaliste et le photographe ont insisté pour garder un caractère respectueux et ne pas faire de leur livre un recueil à sensations. Les mots et les photos ont été choisis pour éviter tout préjudice à la mémoire des victimes. Ils ont aussi décidé qu'une partie des ventes sera remise au fonds de Soutien de la Croix-Rouge pour Lac-Mégantic, histoire de contribuer à leur manière à la reconstruction.

Stéphanie Mac Farlane raconte que sur le terrain, elle n'a pas pu «digérer» les informations et les émotions qui lui ont été livrées par les victimes et les proches.

«Les gens nous disaient avoir perdu une personne nous racontait comment une autre avait couru sa vie pour échapper aux flammes et j'ai mis ça dans un petit tiroir. Puis de retour chez-moi, il m'est arrivé de me réveiller la nuit et je revoyais les personnes, j'ai eu des images et peut-être qu'une compréhension s'est installée», a raconté Mme Mac Farlane.

Replonger dans Lac-Mégantic, en travaillant sur le livre a permis de réconcilier mais aussi de revivre certaines émotions.

«Voir que plusieurs ont le même âge que moi, qu'il y a deux petites filles de 4 et 9 ans, d'en apprendre un peu plus sur les victimes, mais sans aller déranger les familles, ça m'a troublé un peu dans la préparation. Mais maintenant ça va», confie-t-elle encore.

«Dans la vie de tous les jours je couvre les faits divers. On se fait une carapace et puis là-bas, ça s'est fragilisé. Je croyais que j'étais plus solide que ça, puis, avec un certain recul, est né le désir de vouloir donner un sens à tout ça, de faire plus que le travail», confie la journaliste.

Lac-Mégantic, le livre, compte plus de 100 photos des premières minutes jusqu'aux efforts de reconstruction et consacre aussi un chapitre à la mairesse Colette Roy-Laroche, renommée «la dame de granit» depuis la tragédie.

Le livre est disponible en librairie depuis le 20 novembre.