Québec veut rassurer les sinistrés et les familles des victimes de la tragédie du Lac-Mégantic: si le gouvernement parvient à arracher un montant d'argent dans la faillite de la MMA aux États-Unis, ils en seront les bénéficiaires «prioritaires».

«De notre côté, c'est vraiment clair que ce sont les victimes et les sinistrés qui vont être priorisés. Il n'y a pas de doute là-dessus», a déclaré mercredi le porte-parole du ministère de la Justice, Paul-Jean Charest.

Québec assure en outre qu'«aucune action» ne sera entreprise dans l'objectif de «se rembourser avant les sinistrés».

On ne peut cependant présumer des sommes que le juge pourrait décider d'accorder pour les poursuites en dommages/intérêts, pour les dommages environnementaux ou encore pour les dommages causés aux infrastructures, a tenu à préciser M. Charest.

«Le plus loin qu'on peut aller, c'est de dire que tout ce qui (pourrait être) dévolu aux sinistrés, on va faire tout en notre pouvoir pour que ce soit retourné aux sinistrés», a-t-il souligné à l'autre bout du fil.

Le ministère de la Justice du Québec réagissait ainsi à la démarche entreprise de l'autre côté de la frontière par les avocats des familles et des proches de 18 victimes, qui ont choisi de faire cavalier seul dans cette affaire.

L'un des avocats qui représente ce groupe, Daniel Cohn, a suggéré mardi que si le gouvernement du Québec et la Ville de Lac-Mégantic obtenaient un dédommagement, ils pourraient être tentés d'utiliser ces sommes pour éponger leurs propres factures.

Les familles et les proches de ces 18 victimes «accueillent l'aide du gouvernement, mais elles comprennent que celui-ci pourrait (utiliser les indemnisations) pour le nettoyage des dommages causés à l'environnement. Elles veulent leur juste part», a plaidé Me Cohn en entrevue téléphonique avec La Presse Canadienne.

«Ces victimes estiment qu'elles ont des intérêts particuliers et que ceux-ci doivent être défendus par leur propre comité», a-t-il poursuivi.

Québec a annoncé le 22 août dernier la constitution d'un comité de créanciers informel composé des sinistrés membres du recours collectif, de la Ville de Lac-Mégantic et du gouvernement provincial.

Interrogé sur les velléités des avocats des représentants de la succession des 18 victimes, Paul-Jean Charest s'est contenté de déclarer que le gouvernement souhaiterait «évidemment» que tous parlent «d'une seule voix».

«On ne préfère pas un groupe qui est représenté par certains avocats plutôt que des groupes qui seraient représentés par d'autres avocats», a-t-il lancé à l'autre bout du fil.

«Tout ce qu'on espère dans ce dossier-là, c'est que tout le monde va être uni. (...) Est-ce que ça va se concrétiser dans ce sens-là? C'est ce qu'il va rester à voir. Le message qu'on a à livrer là-dessus, c'est qu'on travaille pour tous les sinistrés», a poursuivi M. Charest.

La Montreal, Maine and Atlantic Railway (MMA) s'est placée sous la protection du chapitre 11 de la loi américaine des faillites le 7 août dernier.

L'entreprise ferroviaire est propriétaire du convoi pétrolier qui a déraillé et explosé en plein coeur du centre-ville de Lac-Mégantic dans la nuit du 6 juillet.

L'accident a fait 47 victimes en plus de causer un important déversement d'hydrocarbures.

La prochaine audience dans cette affaire doit avoir lieu le 1er octobre dans un tribunal de Bangor, dans l'État du Maine.