Il y a quatre semaines, le coeur de Lac-Mégantic était dévasté par le déraillement et l'explosion du train de la Montreal, Maine & Atlantic Railways.

Les jours passent, mais le deuil reste entier pour bon nombre de proches des 47 victimes de la tragédie.

Les personnes endeuillées doivent avant tout miser sur leurs ressources intérieures et l'aide de leurs proches pour traverser cette épreuve, estime le réputé psychologue Pierre Faubert.

Il croit que les citoyens de Lac-Mégantic peuvent évidemment faire appel aux ressources d'aide psychologique qui leur sont offertes, mais qu'elles doivent aussi se faire confiance et tenter de trouver en elle du réconfort.

Le psychologue croit que la population de Lac-Mégantic a aussi tous les outils nécessaires pour aider les personnes endeuillées.

Même sans avoir la science et les connaissances d'un psychologue, les voisins, les amis ou l'entourage des personnes endeuillées sont aussi compétents pour offrir un soutien en étant «humain et en offrant de l'affection», dit-il.

Mais comment parler aux personnes endeuillées pour leur donner du réconfort et leur permettre de retrouver l'espoir?

«Pas besoin d'avoir les mots justes, car même comme docteur nous n'avons jamais les mots justes dans ce genre de situation. Les proches des victimes ont avant tout besoin d'une écoute bienveillante et aimante», souligne M. Faubert.

Au cours des derniers jours, les recherches ont été interrompues sur les lieux de la tragédie. Des 47 victimes résultant de la tragédie, les corps de cinq d'entre elles n'ont toujours pas été retrouvés. Pour les proches de ces personnes, le deuil peut s'avérer plus difficile, croit le psychologue clinicien.

«Lorsque la personne décédée est visible et qu'il est possible même de la toucher, on peut la pleurer. Lorsque les personnes sont disparues ou volatilisées, cela force à une plus grande intériorité. Il faut repenser le deuil et il faut trouver un moyen de vivre le deuil malgré tout, de manière communautaire et en privé», dit-il.

Tranquillement la vie reprend néanmoins son cours à Lac-Mégantic avec, notamment, la réouverture du Musi-Café. M. Faubert salue cette décision. «Il faut créer des étapes de transformation positive. Les personnes ne doivent pas se contenter de se définir uniquement par cette tragédie. La ville est plus grande que sa catastrophe», insiste-t-il.

La perte d'un être cher impose une période de deuil, qu'il faut accepter de traverser. «C'est une illusion de vouloir éliminer les blessures. Il y a des personnes qui seront déprimées, d'autres qui auront recours à l'alcool ou qui penseront au suicide. Mais chaque personne doit passer par-dessus et tenter de trouver non pas à sens à l'événement, mais à son existence pour que la tragédie devienne un tremplin pour quelque chose de plus grand», dit M. Faubert.