Lac-Mégantic a envoyé mardi une deuxième mise en demeure à Montreal, Maine&Atlantic Railway. L'entreprise a maintenant 24 heures pour payer des sous-traitants responsables du nettoyage du site à qui elle doit près de 8 millions de dollars en salaire.

Non seulement MMA n'a toujours pas donné suite à la première mise en demeure, mais l'entreprise ferroviaire continue de ne pas payer les sous-traitants qu'elle a elle-même engagés pour nettoyer et récupérer les hydrocarbures qui se sont déversés à la suite du déraillement du train.

Le 23 juillet dernier, la mairesse Colette Roy-Laroche avait annoncé que MMA n'avait pas payé trois de ces fournisseurs. Certains avaient menacé de débrayer, forçant la Ville et le gouvernement du Québec à avancer 4 millions de dollars pour éviter tout retard dans les travaux.

La Ville a précisé mardi que, depuis, la facture a grimpé et atteint maintenant 7 796 948, 67$ en salaire pour huit fournisseurs de MMA. D'où la nécessité d'envoyer une autre mise en demeure, à jour.

Les procureurs de MMA ont informé la Ville qu'ils rencontraient les assureurs mardi. La Ville espère donc être remboursée mercredi à défaut de quoi une poursuite pourrait être intentée, a laissé entendre la mairesse tout comme le gouvernement provincial, la veille.

Le patron de MMA Ed Burkhardt a toutefois affirmé sur les ondes de la radio publique North Country qu'il n'avait pas les moyens de s'acquitter des frais de la décontamination. Il s'en remet donc à ses assureurs.

En entrevue au Portland Press Herald, M. Burkhardt a indiqué que la faillite n'était pas écartée. «Une décision n'a pas encore été prise», a-t-il dit.

«C'est une hypothèse que tout le monde envisage, j'imagine, a reconnu la mairesse Roy-Laroche au sujet d'une éventuelle faillite de MMA. Mais je n'ai pas d'information là-dessus.»

Elle a de nouveau fait appel au sens des responsabilités de l'entreprise. Mais questionnée à savoir si elle croyait encore MMA capable d'en faire preuve, elle a répliqué: «Je n'oserai même pas répondre là-dessus, je vous laisse présumer de ma réponse.»

Une ordonnance contestée

Un deuxième champ de bataille s'est aussi ouvert lundi et s'est poursuivi mardi, alors que le propriétaire du pétrole qui s'est déversé à Lac-Mégantic s'est publiquement manifesté pour la première fois depuis le 6 juillet.

La veille, le ministre québécois de l'Environnement Yves-François Blanchet avait annoncé qu'une ordonnance avait été émise en vertu de la Loi sur la qualité de l'environnement afin d'obliger MMA à nettoyer le site et, surtout, à en payer la facture.

L'ordonnance visait aussi Western Petroleum et World Fuel Services, les propriétaires du pétrole transporté par le train de MMA.

Par voie de communiqué, World Fuel a remis en doute la démarche du gouvernement du Québec.

«Nous avons de sérieuses objections quant à la légalité de cette ordonnance», a déclaré l'entreprise, ajoutant que comme la MMA et les autorités locales contrôlaient la gestion du site et du nettoyage, elle ne s'attendait pas à être impliquée dans une telle ordonnance.

World Fuel Services dit aussi avoir déployé ses propres spécialistes de l'environnement pour suivre les travaux de récupération du pétrole, et ce, «dans la mesure permise par MMA».

L'entreprise précise qu'elle a donné suite à l'ordonnance auprès du ministre de l'Environnement, mais celui-ci n'a pas souhaité commenter le dossier, mardi.