Le Fonds mondial du patrimoine ferroviaire (FMPF) croit avoir deviné les raisons qui ont mené à la tragédie de Lac-Mégantic. Et d'après son président, Denis Allard, la responsabilité est largement attribuable à la négligence de la société Montreal, Maine&Atlantic Railway (MMA), bien plus qu'à celle de ses employés.

Selon cette théorie avancée par cet expert québécois du domaine ferroviaire, le déraillement du 6 juillet pourrait avoir été causé par une série de facteurs, dont le mauvais entretien des rails par MMA et le manque d'éclairage à l'endroit où le train a été immobilisé.

D'abord, souligne le président du FMPF, une entreprise qui choisit de stationner son train pour la nuit devrait s'assurer que l'éclairage est suffisant à cet endroit pour permettre d'inspecter l'appareil et les environs avant de repartir.

Or, «l'endroit était mal éclairé", dit-il.

Ensuite, le spécialiste est d'avis que l'intervention des pompiers pour éteindre un incendie dans la locomotive, environ une heure avant l'accident, a pu répandre de l'huile sur les rails - déjà rendues glissantes par le manque d'entretien.

«Faute d'éclairage pour surveiller le site la nuit, personne ne s'est rendu compte du danger qui courait», avance M. Allard, qui dit avoir colligé ses renseignements auprès de diverses sources depuis le drame.

À ses yeux, c'est ce manque d'éclairage qui expliquerait pourquoi l'employé de MMA dépêché sur les lieux en même temps que les pompiers a omis de déplacer le train sur une voie sécuritaire.

Une simple vibration nécessaire

Le train laissé seul se trouvant sur une pente glissante, le simple «passage d'un camion lourd à proximité de la voie ferrée ou un léger tremblement de terre a suffi pour tout mettre en branle», conclut le spécialiste, qui note aussi que le vent était "omniprésent" cette nuit-là.

Denis Allard rejette les thèses avancées par le président de l'entreprise au sujet du système de freinage défectueux ou mal actionné par le conducteur du train.

Il affirme au contraire qu'il revenait à MMA de s'assurer que l'endroit choisi pour immobiliser le train était suffisamment éclairé. De plus, la société a la responsabilité d'entretenir les rails pour maintenir leur adhérence, dit-il.

Enfin, M. Allard doute que l'entreprise ait eu un protocole d'urgence adéquat. «On ne peut pas blâmer le personnel de ne pas avoir eu la formation en cas d'urgence!»

«Je pense que tout le blâme va aller sur la compagnie...»