Des travailleurs chargés du nettoyage du site de la tragédie de Lac-Mégantic ont débrayé temporairement mercredi matin. Embauchés par la Montreal, Maine and Atlantic Railway (MMA), ils disent ne pas avoir été payés depuis le 6 juillet et craignaient de voir cette situation perdurer. 

Mise au courant de l'arrêt des travaux de nettoyage, la mairesse de Lac-Mégantic, Colette Roy-Laroche, s'est tournée vers la première ministre du Québec, Pauline Marois, et le ministre des Affaires municipales, Sylvain Gaudreault.

Il était nécessaire de trouver rapidement une solution à cette situation «considérant que les opérations sont urgentes sur le site», a indiqué la mairesse à l'occasion d'un point de presse, mercredi après-midi.

«Ça n'a duré que le temps du dîner et le travail de recherche des disparus n'a pas été affecté», a déclaré en entrevue avec La Presse Richard Robert, président de la firme RSR Environnement, qui est affectée au pompage du pétrole déversé dans la zone sinistrée.

«On n'a pas été payé par la MMA depuis le début des travaux. En parlant avec les autres entreprises qui étaient sur le site, on s'est rendu compte qu'on n'était pas seuls», raconte-t-il.

Il s'agit d'entreprises de nettoyage environnemental, d'excavation, des propriétaires des machines qui déplacent et découpent les wagons déraillés. Des entreprises qui devraient être payées par la MMA et non par l'État pour effectuer ce travail.

«On parle d'une couple de millions de dollars qui n'avaient pas été payés depuis le début. On a des dépenses, des fournisseurs, des gars à payer. On veut bien aider, mais on veut aussi être payé de temps en temps», raconte M. Robert. 

Rapidement, le gouvernement du Québec est intervenu pour garantir aux employés en arrêt detravail qu'ils seraient payés, peu importe la tournure des événements avec la Montreal, Maine and Atlantic Railway. «Nous avons assuré les entreprises sur le terrain que nous allions les rembourser si MMA n'était pas en mesure de payer la décontamination. On ne veut pas l'arrêt des travaux», a affirmé Marie Barrette, l'attachée de presse de Pauline Marois, à l'occasion d'une entrevue avec La Presse Canadienne. 

Le gouvernement se dit ainsi prêt à assumer les coûts de décontamination qui devraient être normalement assurés par l'entreprise ferroviaire, si elle faillit à sa tâche. «On verra comment on agira si la MMA n'est pas capable d'assurer ses obligations», a indiqué Mme Barrette, tout en refusant d'écarter la possibilité de poursuites judiciaires.

«On a parlé à quelqu'un au gouvernement. Il nous a promis qu'un montant avait été libéré, et que peu importe de quel bord ça viendrait, on serait payé», renchérit Richard Robert.

Le travail a repris en après-midi.

Si plusieurs travailleurs ont été embauchés par la MMA pour le nettoyage du site de la catastrophe, la mairesse de Lac-Mégantic a insisté pour dire que la Ville avait aussi du personnel sur le site de la tragédie pour surveiller les travaux.

La Montreal, Maine and Atlantic Railway a indiqué qu'elle n'émettrait aucun commentaire sur la décision des employés d'arrêter temporairement leurs activités.

Le «débrayage» des entreprises embauchées par la MMA à Lac-Mégantic s'est produit au lendemain de la mise à pied de 19 des 75 employés de la compagnie au Québec. Un avis a été envoyé mardi aux personnes touchées par ces coupes. Le syndicat des Métallos a dénoncé la façon de faire de l'employeur, qui n'a envoyé aucun préavis et qui aurait mis à pied des employés chargés de l'inspection et de l'entretien dumatériel roulant.

La Sûreté du Québec a indiqué qu'en aucun temps le travail de ses enquêteurs n'avait été affecté par le débrayage des travailleurs à l'emploi de MMA. Malgré l'ampleur des efforts pour localiser des disparus, aucun corps n'a été retrouvé mercredi dans les décombres, a indiqué le porte-parole de la SQ, Michel Forget.

Le bilan de la tragédie est toujours de 38 décès confirmés et d'une douzaine de personnes portées disparues.

La SQ a révélé qu'un représentant du Bureau du coroner de la ville de New York et du bureau des mesures d'urgence a joint les rangs des enquêteurs québécois sur le site de la catastrophe mercredi. «Sa visite s'inscrit dans le cadre d'une relation avec la ville de New York dans le partage d'expertise et d'expérience. (...) Il a qualifié la scène de complexe et difficile», a indiqué M. Forget.