Le gouvernement a l'intention de déposer un projet de loi pour prolonger de deux ans le mandat des élus municipaux de Lac-Mégantic.

Le ministre des Affaires municipales Sylvain Gaudreault a expliqué que le conseil des ministres a accepté cette demande, formulée plus tôt cette semaine.

M. Gaudreault a affirmé que la situation dans la municipalité éprouvée par une tragédie ferroviaire ne se prête pas à la tenue d'élections, qui sont prévues cet automne à travers les villes du Québec.

En fin de semaine dernière, la mairesse Colette Roy-Laroche avait déclaré que le conseil municipal réclamait à l'unanimité un report des élections du 3 novembre, en raison de l'explosion d'un convoi de wagons citernes de pétrole qui a détruit le centre-ville de la municipalité et fait au moins 38 morts.

En sortant du conseil des ministres, mercredi, M. Gaudreault a affirmé qu'un changement à la loi sera nécessaire pour répondre à cette demande.

Sans présumer d'une décision de l'Assemblée nationale, le ministre s'est montré confiant de pouvoir procéder rapidement après la rentrée parlementaire, le 17 septembre, grâce à l'appui des partis de l'opposition.

«Je ne peux pas présumer de la décision de l'Assemblée nationale mais nous souhaitons évidemment dès la rentrée parlementaire déposer un projet de loi et si l'Assemblée nationale veut s'en saisir, évidemment, et l'adopter on pourra répondre favorablement à la demande de la municipalité de Lac-Mégantic et de la MRC», a-t-il dit.

Selon M. Gaudreault, ce report donnera à la municipalité le temps de se ressaisir avant un déclenchement d'élections.

«La campagne électorale serait déclenchée le 18 septembre, a-t-il dit. C'est demain matin le 18 septembre. Ce ne sera pas le temps de mettre des pancartes dans les poteaux et de serrer des mains alors que le centre-ville est complètement à terre. On va donner une chance à la municipalité.»

En 2015, des élections pourraient se tenir à Lac-Mégantic, mais les élus n'obtiendraient qu'un mandat de deux ans de manière à garder le synchronisme avec l'ensemble des autres municipalités québécoises.

Cette exception n'est pas sans précédent, a expliqué le ministre, en rappelant que la municipalité de La Baie, au Saguenay, avait obtenu la même chose après les importantes inondations de 1996.

Concernant la possibilité d'une enquête publique sur la tragédie ferroviaire, M. Gaudreault a répété que le gouvernement a d'autres priorités.

«Pour l'instant il y a deux enquêtes qui sont en cours, la Sûreté du Québec et le Bureau de la sécurité dans les transports, on va prendre une étape à la fois, a-t-il dit. Pour l'instant, il y a encore des mesures d'urgence qui doivent être prises immédiatement pour la municipalité de Lac-Mégantic.»

Plus tôt, le ministre des Relations internationales et responsable de la région de Montréal, Jean-François Lisée, a affirmé que les municipalités ont des inquiétudes légitimes concernant le transport ferroviaire à la suite du déraillement et de l'explosion du convoi de wagons citernes de pétrole à Lac-Mégantic.

M. Lisée a notamment évoqué le problème de l'inspection des voies ferrées, dans le contexte où le transport par rail s'est intensifié ces dernières années.

«Les municipalités ont raison de se trouver inquiètes de la qualité des infrastructures», a-t-il dit.

Selon le ministre, la tragédie québécoise a soulevé des craintes partout en Amérique du Nord, où les convois circulent comme au Québec à travers des zones résidentielles en transportant parfois des matières dangereuses.

«Cette tragédie de Lac-Mégantic a peut-être derrière elle cette possibilité de faire en sorte d'éviter de nouvelles tragédies semblables ailleurs en Amérique du Nord, en particulier, et peut-être ailleurs, a-t-il dit. Je pense que les enseignements qu'on va tirer ici vont être très importants pour sauver des vies ailleurs.»