Chandelles à la main, près d'une centaine de citoyens se sont réunis devant l'église Sainte-Agnès de Lac-Mégantic pour commémorer la mémoire de ceux qu'ils ont perdus il y a une semaine jour pour jour. Du parvis, ils pouvaient apercevoir le paysage dévasté qu'a laissé le train qui a foncé dans le centre-ville à toute allure.

Cette scène s'est répétée un peu partout à travers la province, où des dizaines de vigiles à la chandelle ont été organisées. Les Québécois avaient besoin de partager leurs émotions après avoir passé une semaine à assister, impuissants, à un drame.

À la place d'Armes à Montréal, où une centaine de personnes s'étaient réunies, les discussions passaient de la colère à la tristesse.

«Avez-vous entendu l'entrevue du président de la MMA hier à CNN?», dit l'une d'elles.

«C'est un petit village, tout le monde se connaissait», lance un autre.

«Le président, il est à l'image de ses tracks, il est tout croche», dit Lise Thériault, qui s'était déplacée pour l'occasion. La dame dans la soixantaine était en colère contre le grand patron de la Montreal Maine & Atlantic Railway, Ed Burkhardt. Mme Thériault a été très touchée par la tragédie. En racontant la semaine qu'elle a vécu, les larmes lui montent aux yeux.

Sur la place d'Armes, un guitariste et un violoniste jouaient une musique douce, qui ajoutait à l'ambiance de recueillement. «On ne savait pas qu'il y avait une vigile ce soir, mais maintenant qu'on le sait, on va continuer à jouer de la musique douce.»

Pendant ce temps, à Boucherville, une centaine de personnes ont également marché le long du chemin de fer, chandelle à la main.

Kristine Boyer habite depuis 22 ans tout près des rails. «Le train rythme notre vie. On l'aime, le train, mais depuis l'accident de la semaine dernière, on se met à réfléchir beaucoup plus et on se met à remarquer plusieurs affaires, comme le fait qu'il y a des écoles pas très loin de la track.»

Francine Crevier-Bélair, conseillère municipale qui habite depuis 50 ans près du chemin de fer, assure qu'à Boucherville, les risques d'accident sont minimes.

«On va quand même suivre avec attention l'enquête et les propositions qui sortiront des rapports, pour améliorer nos façons de faire.»

La conseillère se dit bien consciente que la nature des convois a changé, mais tient à assurer les citoyens de son quartier qu'ils n'ont pas à s'inquiéter. Encore dernièrement, Boucherville a revu ses mesures d'urgence en matière de transport ferroviaire.