La poussière retombe à peine sur la carcasse du train de la mort de Lac-Mégantic que les blâmes et les éloges fusent. 

De passage jeudi midi dans la municipalité pour la deuxième fois depuis le drame qui a fait 20 morts confirmés et 30 disparus désormais considérés décédés par les autorités, la première ministre Pauline Marois a salué le courage de la mairesse de Lac-Mégantic, avant d'invectiver le président de la Montreal, Maine and Atlantic, Edward Burkhardt. 

«Il aurait dû être sur les lieux dès le début. Ça va de soi», a lancé la première ministre, visiblement irritée par l'attitude du dirigeant, qui a été accueilli par une foule en colère mercredi, cinq jours après le déraillement d'un train de sa compagnie. «Il devrait être capable de mieux communiquer avec les citoyens et les autorités. Pour le reste, il assumera ses responsabilités. J'espère qu'il aidera la communauté.»

Près de Pauline Marois, la mairesse Colette Roy-Laroche a été chaudement applaudie par les résidants. «Je vais me mettre à pleurer», a dit cette dernière quand la première ministre l'a qualifiée de «femme courageuse». 

Dans un écho à l'avertissement servi par le ministre Réjean Hébert à Ottawa la veille, Pauline Marois n'a pas écarté la possibilité de traduire le gouvernement fédéral en justice si le blâme est porté sur lui par les autorités. «Les enquêtes se font. S'il y a lieu, il y aura des poursuites, mais je ne vais pas présumer de la suite des choses», a indiqué la première ministre. «Nous avons dit à Ottawa qu'on souhaite qu'ils participent à l'aide. On espère qu'ils répondront à notre appel.» Québec a déjà octroyé 60 millions de dollars à la municipalité, et assure que des sommes plus importantes seront dégagées dans le futur. Les citoyens ayant dû être évacués auront notamment droit à 1000$ dès lundi. Au fédéral, le lieutenant québécois de Stephen Harper, Christian Paradis, a pour le moment promis une aide financière qu'il s'est gardé de chiffrer. 

Dans les rues de Lac-Mégantic, la vie reprend tranquillement son cours, à l'instar des rumeurs que la tragédie alimente. Les discussions tournent autour de la levée possible d'une partie du périmètre de sécurité, plus précisément la zone dite «jaune». 

«On se rencontre tous les jours, nous, les pompiers et la Sécurité civile», se contente pourtant de dire Benoît Richard,  porte-parole de la Sûreté du Québec (SQ). «On ne veut pas mettre la vie de quiconque en danger.» De la même façon, la SQ assure n'avoir reçu aucun signalement d'entrée par effraction ou de méfaits, réfutant du même coup les allégations de vols dans les résidences des sinistrés.