Le siège social de la Montreal, Maine&Atlantic Railway (MMA) ne paie pas de mine. Planqué au bout d'une route industrielle en marge d'un village du Maine où il ne se passe rien, le bâtiment d'un étage est à peine plus grand qu'une maison. Mardi matin, seulement huit voitures y étaient garées.

Ne cherchez pas ici des réponses concernant la tragédie de Lac-Mégantic.

« Il n'y a personne ici qui peut vous parler», nous a dit un gardien de sécurité, habillé aux couleurs de la firme Securitas.

Nos appels répétés chez Rail World, le holding de Chicago possédant MMA, n'ont pas aidé à franchir les portes de ce lieu de Hermon, au Maine, d'où sont dirigées les activités de la société ferroviaire.

Ces activités, pourtant, se poursuivent malgré la tragédie de Lac-Mégantic. Hier matin, un convoi de wagons sur lesquels était inscrite la mention «produits pétroliers», bardés de pictogrammes indiquant leur caractère inflammable, s'est ébranlé à deux pas du siège social, avant de disparaître.

À Hermon, où un drapeau américain flotte sur chacun des poteaux de téléphone de la rue principale, la MMA est à l'image de son siège social: peu visible. Au garage Hermon Motor Company, situé à un jet de pierre, Derik, pourtant natif du village, n'avait jamais entendu parler de l'entreprise.

Même à la mairie de cette bourgade de 5500 habitants, on affirme peu connaître la MMA. «L'industrie ferroviaire n'a plus l'importance qu'elle avait par ici», explique Roger Raymond, directeur général de la Ville de Hermon, qui décrit MMA comme une «entreprise en difficulté», mais avec laquelle il n'a jamais eu affaire.

Infrastructures inadéquates

Selon Jim Freeman, militant de l'organisation environnementale Maine Earth, la MMA a décidé de se lancer dans le transport de pétrole il y a moins d'un an, alors qu'elle n'avait pas les infrastructures pour le faire.

« Ils ont mis la charrue devant les boeufs, croit-il. Ils auraient dû attendre quelques mois et sécuriser leurs rails. Mais ils ont sauté sur l'occasion à cause de leur situation financière, et maintenant nous en payons tous le prix. »

Un journaliste local nous a décrit l'entreprise comme «peu collaboratrice« et »en lutte pour sa survie». «On les voit passer ici - ils sont complètement broche à foin», a aussi confié un douanier canadien.