Poussé dans les câbles par les questions de plus en plus pointues de la procureure de la Couronne, Mohammad Shafia, a eu du mal à expliquer certaines incongruités de sa version, ce matin, à son procès.

«Vous dites que vous avez découvert le matin du 30 juin 2009, à 7 heures, que vos trois filles et Rona avaient disparu du motel.  Pourtant, de 7h à 12h30, vous n'avez appelé Sahar qu'une seule fois (sur son portable), à 7h01. Vous n'avez pas continué d'appeler, et vous n'avez pas appelé le 9-1-1. Vous n'avez pas non plus demandé au gérant du motel s'il les avait vues», a lancé Me Laurie Lacelle.

«J'ai appelé Hamed, et j'ai demandé si elles étaient à Montréal», a répondu Mohammad Shafia, avant de dire qu'il ne parlait pas assez bien l'anglais.

«Pourtant, vous avez été capable de parler anglais ce matin-là, pour acheter une carte d'appel au gérant du motel», a rétorqué Me Lacelle, qui lui a aussi fait remarquer qu'il aurait pu demander de l'aide à ses autres enfants, qui se trouvaient dans la chambre de motel et qui, eux, parlent anglais. Mais, il ne voulait pas les réveiller, s'est-il défendu. Il a signalé qu'il était allé trouver la police sur l'heure du midi, avec Hamed et Tooba pour signaler la disparition.

Mohammad Shafia, qui avait répondu avec bonne assurance aux questions, la veille, était manifestement plus sur la défensive ce matin. Me Lacelle lui a reproché d'avoir volontairement entretenu un flou, sur l'endroit où les deux voitures de la famille se sont arrêtées en début de nuit du 30 juin. La famille de dix, qui revenait de Niagara à bord d'une Nissan et d'une Lexus, ont stoppé quelque part, «sur le bord d'une route», disait-il, près de la 401, en ville, à Kingston. Tooba était trop  fatiguée pour continuer. Lui et Hamed ont cherché un motel pour dormir selon sa version. Me Lacelle soutient que c'est dans le stationnement de l'écluse qu'ils se sont arrêtés. Et elle suggère que les victimes n'ont jamais quitté cet endroit par la suite.

Mohammad ne connaît pas l'endroit, il ne connaît rien aux cartes géographiques, a-t-il dit.

Le contre-interrogatoire se poursuit.

Rappelons que Mohammad Shafia, son épouse Tooba, et leur fils Hamed sont accusés des meurtres prémédités de leur filles Zainab, Sahar, et Geeti, ainsi que celui de la première épouse de Mohammad, Rona.