Au cours des 30 derniers jours de sa vie, Sahar Mohammad Shafia a reçu et envoyé 4565 messages textes, sans compter les appels de vive voix. Cette utilisation intensive de son téléphone portable désespérait sans doute ses parents, mais elle a donné un sacré coup de pouce aux policiers qui ont enquêté sur sa mort et celles de ses compagnes d'infortune.

C'est ce qui ressort du témoignage qu'a livré Steeve Koopman, détective de la police de Kingston, vendredi, au procès des Shafia. Mohammad Shafia et sa femme Tooba sont accusés des meurtres prémédités de leurs filles, Zainab, 19 ans, Sahar, 17 ans, Geeti, 13 ans, et Rona, 53 ans. Le fils aîné de cette famille de sept enfants, Hamed, 20 ans, qui fait face aux mêmes accusations, est assis entre ses parents dans le box des accusés. Les quatre victimes ont été trouvées noyées dans une Nissan immergée au fond de l'écluse de Kingston Mills, le matin du 30 juin 2009. La famille comptant trois adultes et sept enfants revenait d'un voyage à Niagara lorsque la tragédie est survenue.

À la trace

Vendredi, M. Koopman a expliqué au jury comment il avait pu suivre les déplacements de la famille dans les jours qui ont entouré l'événement. Il s'est servi principalement des relevés de téléphones portables utilisés par Hamed et Sahar, ainsi que des graphiques reliés aux tours de communication. Ces relevés démontrent qu'Hamed est allé à Grand-Remous le 20 juin 2009, pour revenir à Montréal. La Couronne a déjà mis en preuve qu'Hamed avait fait des recherches Google pour trouver des endroits avec des cours d'eau et trouver le meilleur endroit pour tuer quelqu'un. Grand-Remous figurait dans ses recherches.

Quoi qu'il en soit, le 23 juin, les dix membres de la famille Shafia sont partis en voyage, à bord de deux voitures: une Lexus, et une Nissan. Les téléphones cellulaires montrent qu'ils sont allés à Grand-Remous et qu'ils sont revenus, le lendemain, pour aller dans la région d'Ottawa. Le 24 juin, en mi-soirée, la famille se trouvait tout près de l'écluse de Kingston Mills. Ceci est notamment démontré par le fait que Sahar a reçu 30 messages textes entre 20h36 et 21h50, alors qu'elle se trouvait dans ce secteur de Kingston.

La famille a poursuivi sa route jusqu'à Niagara Falls, où elle est restée plusieurs jours. Mais le 27 juin, le portable d'Hamed a été localisé à Kingston. Sahar lui a téléphoné en soirée, alors qu'elle se trouvait à Niagara. Hamed est revenu à Niagara dans les heures suivantes. Interrogé au sujet de ce déplacement après son arrestation, le jeune homme a nié être allé à Kingston ce jour-là.

Le 29 juin, vers 20h, la famille de 10 a quitté Niagara, pour revenir vers Montréal. Elle est passée brièvement par Toronto, sans s'arrêter, et quelqu'un a photographié le Sky Dome et la tour du CN avec un portable, manifestement de la voiture qui roulait. Sahar a communiqué avec des gens avec son portable, pendant ce déplacement. Sa toute dernière conversation sur son portable a commencé à 22h56, le soir du 29 juin, et a duré 36 minutes et 57 secondes. Elle se trouvait alors à Ajax. Après cela, Sahar n'a plus donné signe de vie, et tous les messages qui lui étaient adressés se sont retrouvés dans sa boîte vocale. À minuit trente et une, son téléphone se trouvait à Belleville, près de Kingston. À 1h36, son téléphone était dans le secteur de Kingston Mills, où elle serait découverte le lendemain matin avec ses soeurs et Rona. Le portable de Sahar a été trouvé par terre dans la Nissan immergée.

Le procès se poursuit lundi, à Kingston.