«Qu'on parle de moi en bien ou en mal, peu importe. L'essentiel, c'est qu'on parle de moi*.»

Cette célèbre citation sied bien à Luka Rocco Magnotta, si l'on en croit le témoignage que le psychiatre Gilles Chamberland a livré, hier, devant le jury.

L'homme de 32 ans, qui est aujourd'hui jugé pour le meurtre et le démembrement de l'étudiant chinois Lin Jun, cherchait désespérément à attirer l'attention sur lui, estime le psychiatre retenu par le ministère public.

Le Dr Chamberland n'a pas rencontré l'accusé pour faire son évaluation, puisque M. Magnotta s'y est refusé. Le psychiatre s'est appuyé sur le dossier et les témoignages en défense pour se faire une opinion. En conséquence, il ne peut émettre une opinion ferme, mais il doute fort que l'accusé soit un véritable schizophrène, contrairement à ce que d'autres psychiatres avant lui ont conclu.

Trouble de personnalité

Le Dr Chamberland penche plutôt pour un trouble de la personnalité limite de groupe B. Dans ce groupe, on retrouve entre autres la personnalité histrionique, qui cherche perpétuellement à être le centre de l'attention et agit de façon théâtrale. Si elle n'obtient pas cette attention, elle éprouve une vive angoisse. Ce trouble amène aussi à avoir des comportements sexuels déplacés pour séduire. M. Magnotta cadre dans ces définitions. Son apparence revêtait une grande importance pour celui qui se prostituait. Il se regardait constamment dans le miroir, avait eu recours à des interventions chirurgicales et envisageait d'en subir d'autres... Ce n'était pas le type à passer inaperçu.

«Si la personne ne réussit pas à attirer l'attention, elle va trouver un domaine qui va attirer l'attention, même si c'est négatif», a résumé le Dr Chamberland. Le psychiatre a donné des exemples pour illustrer son propos. En 2007, Magnotta avait lui-même lancé et propagé la rumeur qu'il était en couple avec Karla Homolka. Ce qui était loin d'être positif et était complètement faux.

Quelques années plus tard, il a filmé la mise à mort de trois chatons, de façon différente, et mis ces vidéos en ligne, ce qui a soulevé l'ire de groupes de défense des animaux.

*Citation de Léon Zitrone, journaliste français.