Lin Jun est «probablement» mort d'avoir eu le cou tranché, et celui qui l'a tué s'est ensuite acharné sur son cadavre, lui infligeant de multiples plaies, et le démembrant à l'aide de différents outils. Il n'avait aucune plaie de défense.

C'est ce qui se dégage du témoignage que le pathologiste Yann Dazé a rendu, hier, au procès de Luka Rocco Magnotta, jugé pour le meurtre et le démembrement de Lin Jun. L'étudiant chinois de 33 ans a été tué le 25 mai 2012, et son corps a été coupé en 10 morceaux.

Le Dr Dazé a admis que l'autopsie avait été difficile, du fait que les parties étaient putréfiées, et qu'elles ne lui étaient pas parvenues en même temps. L'autopsie, qui se fait habituellement en une seule fois, s'est échelonnée dans ce cas-ci sur cinq jours, «non consécutifs», entre le 1er juin et le 5 juillet 2012.

Le pathologiste a relevé que la plaie béante à la tête de Lin Jun a pu être faite de son vivant, probablement avec un marteau, et qu'elle peut avoir contribué à la mort. Mais il n'en est pas certain en raison de la décomposition avancée du crâne. Les nombreuses autres blessures ont été faites après la mort, assure-t-il.

Le tronc, trouvé dans une valise, affichait 66 plaies, dont 55 pourraient avoir été causées par le tournevis hexagonal trouvé dans les ordures, près de chez Magnotta. Des coupures ont aussi relevées sur les membres, trouvés pour leur part dans des sacs à ordures. Les mains et les pieds avaient été envoyés par la poste, à Ottawa et à Vancouver. Fait particulier, les empreintes de tous les doigts de la main gauche avaient été «irrégulièrement découpées.»

Des lacérations ont été notées à l'anus et au rectum du cadavre, et il y avait une fracture du coccyx. En réponse à une question du procureur de la Couronne, le Dr Dazé a répondu que oui, ces blessures ont pu être causées par une bouteille de vin.

Les outils

Le Dr Dazé pense que plusieurs outils différents ont été utilisés pour frapper la victime et la démembrer. Un marteau, une scie oscillante électrique, un tournevis et des couteaux, entre autres, ont été trouvés dans les ordures de Magnotta.

Le Dr Dazé croit qu'un couteau a pu servir à couper les tissus mous, mais que la scie électrique a pu être utilisée pour couper les os du cou, sans pouvoir l'affirmer. Il a signalé qu'ils avaient une scie oscillante comme ça au laboratoire de pathologie, et qu'elle était très efficace pour couper les os.

Le pathologiste a toutefois relevé que pour le démembrement, les os ont été fracturés, et non pas coupés. Ces fractures ont été faites par une arme contondante, a-t-il dit.

Des analyses toxicologiques ont démontré que Lin Jun avait pris du Temazepam (somnifère), et du Benadryl.

Questionné par la Couronne sur la «vidéo du meurtre», le Dr Dazé a admis qu'il ne l'a jamais regardée. Il ne voulait pas teinter son expertise par des images dont il ignorait la provenance, a-t-il dit. «Et je vois assez de choses dégueulasses dans mon travail, je n'avais pas besoin d'en voir plus», a-t-il ajouté. Le procès se poursuit aujourd'hui, avec la suite du contre-interrogatoire du Dr Dazé.

Rappelons que Magnotta est accusé du meurtre prémédité de Lin Jun, d'outrage à son cadavre, production de matériel obscène, utilisation de la poste pour diffuser du matériel obscène, et harcèlement contre Stephen Harper et les membres du Parlement.