Après les sacs à ordures, le jury chargé de juger Luka Rocco Magnotta a exploré les recoins de son appartement et de ses appareils ménagers, les boîtes qu'il a postées à des partis politiques et des écoles et le parc Angrignon, où la tête de Lin Jun a été retrouvée.

Ce périple, macabre mais incontournable, s'est effectué à l'aide de plus de 500 photos, prises sur différentes scènes de crimes liées au meurtre de Lin Jun, survenu le 25 mai 2012. C'est de cette manière que le procureur de la Couronne, Louis Bouthillier, a choisi de commencer la présentation de sa preuve. Et ici, même les images de coeurs dessinés à la main et les sacs cadeaux n'annoncent rien de bon.

Des coeurs et du sang

Le jury sait depuis lundi que les pieds et les mains de la victime ont été envoyés par la poste au Parti libéral et au Parti conservateur, de même qu'à des écoles de Vancouver. Les boîtes récupérées à ces quatre endroits par la police contenaient des sacs cadeaux noirs, du papier de soie rose et des notes, écrites à la main, sur de petits papiers roses. «Vous devez parler à la famille de Lauren [sic] Tesky. Sa famille a beaucoup à cacher», disait une note. Sur l'autre, on pouvait lire: Stephen Harper et Lauren [sic] Teskey sauront qui c'est. Ils se sont fait avoir d'aplomb. (They fucked big time.)»

Les notes de Vancouver disaient quant à elles:

«Les roses sont rouges. Les violettes sont bleues. La police va avoir besoin d'une fiche dentaire pour t'identifier, bitch

La dernière était brève: «Meurs, bitch, bientôt.»

Appartement récuré

Les photos de l'appartement où résidait Magnotta, sur le boulevard Décarie, démontrent qu'il vivait dans un logement minable d'une pièce et demie, qui avait été vidé en grande partie et manifestement récuré quand les policiers y ont pénétré, le 29 mai 2012. Mais les photos en plan rapproché permettent de voir de nombreuses traces de sang. Le matelas, sous des draps propres, était largement imbibé de sang, et il y en avait aussi beaucoup dans le bas du frigo. On en retrouvait également dans la salle de bain. Le four contenait une masse informe, ainsi que ce qui paraissait être des cheveux.

En ce qui concerne la tête de la victime, elle a été retrouvée quasi momifiée, le 1er juillet 2012, dans les broussailles, près d'un plan d'eau, au parc Angrignon.

Les pièces en vrai

En après-midi, mardi, l'avocat de la défense, Luc Leclair, a entrepris de produire en preuve de nombreux objets retrouvés dans les ordures, comme des vêtements, des outils, des couteaux, des ciseaux, des documents. L'avocat, ganté de latex, prenait chaque pièce une à une et allait les montrer de près aux jurés, avant de demander qu'ils soient déposés comme pièce à conviction.

L'exercice doit se poursuivre aujourd'hui.

Défense de troubles mentaux

Rappelons que M. Magnotta est accusé du meurtre prémédité de Lin Jun, d'outrage à son cadavre, de production et diffusion de matériel obscène, d'utilisation de la poste pour transmettre du matériel obscène et de harcèlement du premier ministre Stephen Harper et de députés.

Dès l'ouverture de son procès. L'accusé de 32 ans a admis avoir commis les actes qu'on lui reproche. Son avocat présentera une défense de troubles mentaux.

Pièces à conviction

Parmi les objets déposés comme pièces à conviction par Me Luc Leclair, hier, on trouve un marteau, deux tournevis, une paire de ciseaux, une scie oscillante, deux couteaux et de nombreux vêtements.