Huit mois après avoir enterré leur fils dans un pays dont ils ne savaient rien, les parents de Lin Jun, victime présumée de Luka Rocco Magnotta, sont de retour à Montréal afin de faire face à celui qu'ils ont déjà baptisé «le diable».

Pour eux et pour les proches montréalais de l'étudiant chinois de 33 ans, l'enquête préliminaire qui s'amorce lundi est un douloureux passage obligé qui, espèrent-ils, leur amènera une certaine paix.

Les membres de la famille de la victime ont refait le voyage pour comprendre ce qui est vraiment arrivé à leur fils aîné, dont le corps a été démembré et profané avant que ses membres ne soient envoyés par la poste aux quatre coins du pays. «Ils veulent suivre le processus de près», explique le responsable du service de presse du consulat de Chine à Montréal, Zheng Xu. Les parents de Lin Jun, dit-il, n'envisagent pas d'accorder d'entrevues pour l'instant. C'est pour la procédure judiciaire qu'ils sont venus.

Leur dernier séjour a été particulièrement pénible. La mère du défunt, Zhigui Du, s'est effondrée à son arrivée à l'aéroport Montréal-Trudeau. Démolie, elle n'a pas réussi à assister à l'inhumation de son fils quelques semaines plus tard, lorsque sa tête a finalement été trouvée au terme de plusieurs jours d'enquête. «Nous espérons que justice sera rendue», a dit Zheng Xu.

Entourage bouleversé

Un souhait partagé par les amis et les proches de Lin Jun à Montréal. «Je veux que sa famille retrouve la paix», souffle Kankan Huang, qui était le patron de Lin Jun au dépanneur de la rue Wellington où il occupait un emploi étudiant. Un employé modèle, doux et gentil, selon l'homme, lui aussi d'origine chinoise. Il était aux funérailles en juillet, mais il n'assistera pas à l'enquête préliminaire. «C'est trop difficile, dit-il. J'essaie de mettre cette terrible histoire derrière moi.» Près d'un an après le meurtre, il est toujours ébranlé. Lorsqu'on lui demande ce qu'il attend de l'enquête des prochains jours, il hésite. «De la paix, je crois, pour moi aussi.»

Pour Ming, qui a côtoyé Lin Jun peu après qu'il se soit installé au Québec en septembre 2011 pour suivre une formation en informatique à l'Université Concordia, ce qui compte, c'est l'image qui restera de son ami. «Il était tellement gentil. Il n'aurait jamais fait de mal à personne», dit le jeune homme, qui a souhaité que son véritable nom ne soit pas révélé. Il veut qu'on se souvienne d'un homme attentionné et vrai.

Pour d'autres amis de l'étudiant, c'est carrément la peau du suspect qu'ils réclament. Une pétition circule sur l'internet exigeant l'emprisonnement à vie de Luka Rocco Magnotta. Avant même la tenue du procès, ils l'accusent d'être un «meurtrier vicieux».