La commission scolaire Marguerite-Bourgeoys (CSMB) souhaite qu'on détermine «le plus rapidement possible» la sanction réservée à l'enseignant qui a montré à ses élèves la vidéo scabreuse de Luka Rocco Magnotta. Une décision pourrait être rendue dans les prochaines heures, dit la CSMB, tout en précisant que le processus pourrait être plus long.

L'enseignant, suppléant dans la vingtaine, donnait le cours d'histoire et éducation à la citoyenneté à l'école secondaire Cavelier-De LaSalle, à Montréal. Son contrat se terminait le 30 juin.

C'est le matin du lundi 4 juin qu'il a montré la vidéo à ses élèves durant son cours. L'affaire a rapidement fait le tour de l'école. À la fin de la journée, il a été suspendu avec solde, selon les dispositions de la convention collective.

Il a déjà envoyé un courriel à la direction pour s'expliquer. Hier, il a raconté sa version des faits en personne au secteur des relations de travail de la CSMB, en compagnie d'un représentant syndical.

En parallèle, l'école fait des vérifications pour comprendre pourquoi les filtres informatiques n'ont pas bloqué le site qui hébergeait la vidéo sordide, où le présumé meurtrier tue et démembre sa victime, Lin Jun.

Une «cellule volante de crise», composée de psychologues et de psychoéducateurs, a déjà été déployée sur le terrain. Elle reste accessible aux élèves qui en ont besoin, assure la CSMB.

Hier à l'Assemblée nationale, la ministre de l'Éducation, Michelle Courchesne, a vivement réagi à l'affaire. «C'est épouvantable, a-t-elle lancé. J'ai compris qu'il a été suspendu. Je trouve cela effrayant. C'est un manque de jugement total. Je ne vois aucune vertu pédagogique à l'intérieur de ça.»

Vote des élèves

C'est à la suite d'un vote majoritaire de ses élèves de 4e secondaire que l'enseignant a choisi de présenter la vidéo du meurtre sordide que Luka Rocco Magnotta aurait commis.

Sur les quelque 25 élèves du groupe, seulement trois ont voté en défaveur de la proposition, a exposé l'une des élèves du professeur sanctionné.

«Moi je trouve que oui, effectivement, il n'avait pas à montrer la vidéo, mais de là à perdre son job, je trouve que c'est un peu poussé, parce qu'il a suivi ce que les élèves voulaient voir», a témoigné l'adolescente de 17 ans.

Selon un élève faisant partie de son groupe, il est l'un des enseignants les plus populaires de l'école. Les élèves rencontrés hier sur le terrain de l'école se sont pratiquement tous portés à sa défense.

Peu après sa suspension, l'enseignant a écrit un bref courriel pour présenter ses «sincères» excuses à la direction. Il indique, dans cette missive, que le but de sa démarche n'était pas d'offenser qui que ce soit et dit espérer que les répercussions ne seront pas trop dommageables.

Au Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), le porte-parole Ian Lafrenière a indiqué, en début de soirée hier, que des vérifications étaient faites par des enquêteurs.

«Pour l'instant, il n'y a pas de plaintes et il est vraiment impossible de confirmer s'il y a des accusations possibles», a-t-il déclaré.