À la suite du choc de la séparation, bien des parents ont soudain du mal à jouer leur rôle. Leur relation avec leur enfant se dégrade, et parfois, celui-ci s'éloigne. Pour les experts, il ne faut pas conclure pour autant que l'enfant est influencé par l'autre parent, ni que le parent repoussé est mauvais. Mais il faut absolument corriger le tir. Survol de cinq situations, pas toutes pathologiques ni définitives.

1. Un parent est moins populaire: l'enfant peut préférer le parent qui lui est le plus familier ou avec lequel il a le plus d'affinités et d'intérêts communs. Il s'allie à lui pour se sécuriser et apaiser sa peur de le perdre.

QUE FAIRE? 

Le parent préféré doit rassurer l'enfant et l'encourager à voir l'autre. Ce genre de réaction est d'ordinaire transitoire et réversible.

2. Un parent est parti: l'enfant peut vouloir protéger le parent fragile, s'en sentir responsable. Il peut en vouloir au parent qui est parti et laisse l'autre dans la douleur. Il peut aussi être inconfortable avec un nouveau conjoint.

QUE FAIRE? 

Le parent « victime » ne doit pas encourager ce réflexe. Pour le bien de l'enfant, il doit lui dire que le conflit ne le concerne pas et qu'il ne trahit pas un parent en aimant l'autre.

3. Un parent est malhabile: l'enfant peut développer des peurs exagérées à l'égard d'un parent malhabile, qui a plus de lacunes que l'autre, sans être incompétent pour autant.

QUE FAIRE? 

Lorsqu'un enfant refuse d'aller à l'école, les adultes ne cèdent pas: ils l'aident. Il faut agir de même quand un parent est en cause, quitte à obtenir l'aide de professionnels. Si le « meilleur » parent panique/profite des faiblesses de l'autre ou si le parent malhabile ignore son ex/ rejette l'enfant à son tour, ils accentueront l'écart.

4. Un parent est inadéquat: l'enfant peut être réellement victime de mauvais traitements ou de négligence de la part d'un parent. Son éloignement est alors sain et justifié, et l'autre parent qui l'y encourage cherche généralement à le protéger.

QUE FAIRE? 

Le parent inadéquat doit suivre une thérapie pour régler ses lacunes. Dans l'intervalle, des visites supervisées évitent parfois que le lien avec l'enfant ne soit rompu. Le défi pour la DPJ: déterminer si les allégations sont vraies ou fausses.

5. Un parent est dénigré: des parents se dénigrent, sans autre but que de se défouler. D'autres, moins nombreux, veulent saboter la relation de l'enfant avec l'autre parent.

QUE FAIRE? 

Les parents doivent cesser de se dénigrer, car ils risquent de traumatiser l'enfant et de l'amener à choisir son camp - ce qu'il regrettera à l'âge adulte. Les parents aliénants qui persistent risquent de perdre la garde de leur enfant. Les parents rejetés ne doivent pas rejeter l'enfant à leur tour, pour ne pas aggraver les choses.

Sources: d'après des entrevues menées avec les professeures de psychologie Francine Cyr, de l'Université de Montréal, et Marie-Hélène Gagné, de l'Université Laval, de même qu'avec Tamye Robert et Manon Beaumier, respectivement psychologue et responsable de la qualité des services au centre jeunesse de la Mauricie.