« S'il fallait placer chaque enfant témoin de chicanes parentales, il faudrait placer tous les enfants québécois. »

Le professeur de droit de la famille Alain Roy a beau ironiser, il se pose de sérieuses questions depuis qu'un fonctionnaire de l'Outaouais l'a appelé à la rescousse, il y a deux ans. L'histoire de ce père, racontée ci-dessous, démontre qu'on peut faire plus de mal que de bien en s'immisçant dans un conflit de couple, prévient le professeur, qui enseigne à l'Université de Montréal.

« La DPJ pose parfois des critères de parents idéaux inatteignables. Les parents sont humains. Mais quand certains intervenants ont décidé qu'ils aliènent leurs enfants, se refaire une virginité est presque impossible. Chaque geste qu'on fait est interprété. Une goutte va s'ajouter à l'autre. »

Récit.

Injustement accusée

Quand la mère a quitté la maison, elle n'était pas dans son état normal. Elle est partie en hurlant qu'elle haïssait sa vie et ses enfants. Ma fille et mon fils ont tout entendu; ça les a marqués.

À 8 et 9 ans, ils fuguaient tout le temps de chez elle. Elle pouvait m'appeler 25 fois par jour pour faire la discipline. Mon garçon disait qu'elle le jetait dehors en plein hiver, qu'elle le battait. Au début, je ne le croyais pas. Elle n'avait jamais fait ça quand on était ensemble. Mais elle était dépassée.

Deux ans après la séparation, la police m'a appelé. Le conjoint de mon ex avait essayé d'étrangler mon garçon. Les voisins ont envoyé la police 9 fois chez elle et ils ont fait 10 signalements à la DPJ.

En rencontre avec une intervenante, la mère a dit - devant ma fille! - qu'elle était un « accident ». Là, je lui ai dit ma façon de penser, qu'elle était menteuse, manipulatrice ! L'intervenante a conclu que c'était moi le problème. Une psychologue aussi parce que, en entrevue, les enfants et moi, on racontait exactement la même chose.

La DPJ les a placés dans des familles d'accueil différentes. Mes enfants pleuraient au téléphone, ils voulaient revenir, ils ne comprenaient pas. Ils les ont séparés sous prétexte de briser leur alliance. Ils voulaient même les changer d'école. Finalement, mon fils a été abusé dans un de leurs camps...

La mère me disait qu'elle allait me ruiner et m'enlever les enfants pour toujours. Ça m'a coûté 160 000 $ pour me battre en cour.

Un professeur de droit trouvait que le jugement n'avait pas d'allure. Ça m'a permis de passer aux émissions de Paul Arcand et de Mario Dumont. À l'époque, j'étais aussi en médiation avec la mère. Le médiateur voyait que je ne disais rien de négatif, alors qu'elle me critiquait tout le temps. Ses rapports étaient en ma faveur. Quand mon ex a pété sa coche contre une intervenante qui ne lui donnait plus ce qu'elle voulait, ça a définitivement basculé.

La mère et moi, on se parle, maintenant. Mais je suis en train d'écrire un livre pour aider les autres parents qui vivent la même chose que moi.