En 2005, l'entreprise Construction Frank Catania a multiplié les extras auprès de la Ville de Longueuil après avoir décroché tous les contrats pour aménager l'avenue... de Catania. L'entreprise a ainsi obtenu un total de 175 000$ en paiements supplémentaires pour l'aménagement de cette rue de 300 mètres desservant uniquement un complexe commercial, qui appartient au même entrepreneur.

L'entrepreneur Paolo Catania, qui fait partie du groupe restreint de cinq entreprises ayant remporté la part du lion des contrats de Longueuil à l'époque, a présenté, au début des années 2000, un projet pour aménager un complexe commercial à l'est de l'intersection des autoroutes 10 et 30. C'est sa propre entreprise de construction qui a remporté les trois appels d'offres lancés en 2003 et en 2004 par Longueuil pour aménager la rue desservant le secteur.

Les documents obtenus par La Presse indiquent que Construction Frank Catania a réclamé à la fin du chantier des extras pour chacun de ces contrats. Le total des réclamations se chiffre à près de 400 000$, mais la facture a finalement été réduite à 175 000$.

Le plus important des trois contrats, d'une valeur de 2,1 millions, a donné lieu au plus petit extra. L'entreprise a réclamé 140 000$ - mais a obtenu 34 500 $ - en raison du froid intense pendant le chantier, mené en plein mois de janvier.

Ironiquement, c'est exactement pour la raison contraire que l'entreprise a obtenu un autre extra de 89 500 $ pour un deuxième contrat, d'une valeur de 545 000 $. Le chantier avait débuté en mars plutôt qu'en janvier, ce qui a contraint «l'entrepreneur à exécuter les travaux dans des conditions moins favorables que prévu».

Enfin, Construction Frank Catania a réclamé 34 500$ pour son troisième contrat - d'une valeur de 135 000$ - en invoquant de nombreux changements au contrat en question.

Tous les extras ont été recommandés par la firme de génie embauchée par Longueuil pour surveiller le chantier, Dessau Soprin. Le comité de sélection qui a choisi cette firme avait estimé que les deux autres soumissionnaires à l'appel d'offres, Consultants S.M. et SNC-Lavalin, ne possédaient pas suffisamment d'«expérience dans les projets municipaux», indique la grille d'évaluation consultée par La Presse. Pourtant, ces deux entreprises obtiennent fréquemment des contrats similaires dans plusieurs villes.

Rappelons que Paolo Catania est accusé de fraude dans le scandale du Faubourg Contrecoeur, à Montréal. Selon des vérificateurs, la firme de génie Dessau aurait surévalué la contamination des terrains du projet, ce qui a permis à Construction Frank Catania de les acheter à moindre coût.

Pour la petite histoire, Longueuil a décidé en 2003 de baptiser «Catania» la petite rue menant au complexe commercial que la famille du même nom aménageait à l'époque. La décision des élus précisait que cet odonyme avait été choisi pour honorer la ville sicilienne du même nom et non le patronyme du promoteur immobilier. Vérification faite, tout comme Roma se dit Rome en français, Catania devient Catane dans la langue de Molière.