Un chef de division de l'arrondissement de Pointe-aux-Trembles-Rivière-des-Prairies vient d'être suspendu sans solde à la suite d'allégations de «proximité avec des entrepreneurs», a appris La Presse.

Il s'agirait de Laurent Gravel, chef de division ingénierie à la direction des travaux publics de l'arrondissement.

Ce cadre aurait été prié de quitter son bureau sans délai. Son ordinateur et des caisses de documents ont été récupérés pour analyse par des enquêteurs de la Ville.

Gonzalo Nunez, porte-parole à la Ville de Montréal, confirme qu'un «cadre faisant l'objet d'une enquête entreprise depuis un certain temps a été suspendu sans solde le 20 novembre dernier».

Mais il refuse de confirmer l'identité, la fonction de la personne visée, ainsi que les motifs qui ont mené à sa suspension.

Laurent Gravel était impliqué en raison de ses fonctions dans le controversé dossier de la réfection de la 32e Avenue confiée par appel d'offres à la firme Les constructions et pavage Jeskar. Son nom apparaît comme «responsable du dossier» sur plusieurs documents que La Presse a pu consulter, y compris des approbations pour des dépassements de coûts.

La facture a bondi de près de 30% en raison de nombreux extras et «imprévus». Au final, les travaux dans cette portion de 330 mètres de voirie auront coûté aux contribuables près de 900 000$ au lieu des 693 000$ prévus initialement. La surveillance des travaux était effectuée par la firme Séguin Groupe Conseil.

On note des distorsions entre les prévisions et le résultat final. Exemple: la quantité livrée de pierres prémélangées dans le cadre de ce chantier a été de 893 tonnes au lieu des 50 tonnes prévues.

Mais à la Ville de Montréal, on précise que «l'enquête en cours n'a absolument aucun lien avec ce dossier».

Les enquêtes se multiplient

Depuis quelques mois, les mises à pied, congédiements et démissions se multiplient dans l'administration municipale, à la suite d'enquêtes internes. Souvent, il s'agit de cas de copinage avec des fournisseurs de la Ville.

Plusieurs enquêtes ont fait les manchettes ces dernières semaines. Citons le dossier des fraudes à la Direction du service informatique, le voyage en Italie de Robert Marcil, alors directeur des travaux publics, à l'invitation et en compagnie du patron de Construction Garnier, le cas de l'adjoint du directeur des travaux publics d'Ahuntsic-Cartierville, etc.

C'est le Service du contrôleur général Pierre Reid qui entre en action dès qu'une plainte ou des informations sur des allégations de malversation, corruption, conflit d'intérêts et autres irrégularités lui sont transmises.

«Sa mission consiste, entre autres, à s'assurer que l'ensemble des règles et directives de la Ville soient respectées et à s'assurer de la conformité face aux lois et règlements applicables», indique Gonzalo Nunez.

Cette unité, qui a récupéré les prérogatives jusqu'alors dédiées au Service du capital humain, travaille sur une régulièrement avec des entreprises de sécurité privée qui peuvent recourir à de la filature.

Le porte-parole de la Ville mentionne qu'il y a «une volonté très forte de l'Administration pour renforcer les processus de gestion des contrats et des projets de la Ville. On intervient rapidement lorsque la situation l'exige, et les mesures qui ont été mises en place commencent à porter fruits». La fin de l'omerta joue-t-elle aussi un rôle? Pas toujours, si l'on en croit M. Nunez: «Une dénonciation n'est pas à l'origine de cette enquête (à RDP). Mais dans ce genre de situation, il y a d'une part les mesures de contrôle appliquées par la Ville et d'autre part, des informations qui nous proviennent via des plaintes et des dénonciations».