Les responsables militaires canadiens préviennent que la nouvelle mission de formation en Afghanistan n'est pas sans danger et qu'ils gardent l'oeil ouvert sur les menaces qui pourraient planer au-dessus des soldats qui resteront dans le pays.

Leurs avertissements ont d'ailleurs été renforcés par la mort d'un soldat américain, en fin de semaine, au coeur d'une région habituellement très calme de l'Afghanistan. Il a été abattu par le garde du corps d'un officier du renseignement local.

Le commandant-adjoint de la mission canadienne, le colonel Peter Dawe, explique que le plus grand danger serait la trahison d'un Afghan en formation ou encore la possibilité qu'un insurgé se faufile dans un camp canadien.

Le risque est toutefois beaucoup moindre que les tempêtes quotidiennes de bombes artisanales, de roquettes et d'embuscades que les soldats canadiens ont dû affronter lors de la mission de combat, affirme le colonel Dawe.

Le gouvernement conservateur a présenté la mission de formation au public canadien en plaidant qu'elle serait confinée aux environs de Kaboul, contrôlée par le gouvernement central.

Mais une guerre de faible ou moyenne intensité fait toujours rage dans cette zone. Une guerre complètement différente de celle qui avait lieu à Kandahar ou dans le district de Panjwaii.

Les attaques terroristes demeurent un danger, mais sont souvent dirigées vers les institutions gouvernementales et les bâtiments fréquentés par les étrangers mais faiblement protégés par les militaires, comme les grands hôtels.

Il est toutefois rare pour les troupes de l'OTAN à Kaboul d'être visés par des tirs ennemis comme dans le sud de l'Afghanistan et les Canadiens s'ajustent à cette nouvelle réalité.

«Je dirais que le plus grand risque est l'infiltration», explique le colonel Peter Dawe.

«Que ce soit un imposteur ou un militaire afghan frustré. C'est un risque, c'est un risque réel, mais nous tentons de le mitiger.»

En deux ans, environ une dizaine de policiers afghans ont retourné leur arme contre leurs formateurs, avec des résultats souvent mortels.

Le lieutenant-général canadien Stuart Beare, responsable-adjoint de la formation des policiers pour l'OTAN, soutient que l'organisation a amélioré le tri des recrues. Des experts du comportement ont même été déployés sur le terrain.

L'armée afghane a même un processus en huit points pour écarter les traîtres potentiels.

La capitale Kaboul est visée par des attaques plus ciblées et plus organisées que le reste du pays. Alors que la plupart des cellules d'insurgés incluent des agriculteurs et des chômeurs désoeuvrés, ceux qui s'en prennent souvent à la capitale sont des terroristes formés de façon serrée.

Ils sont connus sous le nom de réseau Haqqani. C'est notamment eux qui ont orchestré l'attaque contre l'hôtel Intercontinental le mois dernier.

Son leader, Sirajuddin Haqqani, trône d'ailleurs en première place de la liste des invidus recherchés par l'OTAN, selon un document récemment dévoilé par WikiLeaks.