La fin de la mission canadienne en Afghanistan approche et au terme de celle-ci, le nombre de blessés, établi à 1800 à la fin de l'année dernière, risque d'augmenter. Mais ce ne sont pas toutes les blessures qui sont visibles.

L'an dernier, 615 soldats avaient été blessés par des engins explosifs artisanaux, des mines, des attaques à la roquette, des tirs directs, des tirs fratricides ou, encore, avaient été affectés par divers «traumatismes psychologiques aigus directement imputables au combat et qui nécessitent une intervention médicale». Et quelque 1244 soldats avaient rapporté souffrir de «blessures non reliées au combat».

Selon le médecin-chef des Forces canadiennes, Hans Jung, les blessures physiques et psychologiques des soldats vont de pair.

Il a expliqué qu'après une blessure, la vie des soldats change, et que les militaires doivent s'adapter à une nouvelle réalité.

«La vie a changé. On ne peut pas revenir en arrière, c'est impossible. Notre défi, c'est de travailler avec les soldats blessés, de les considérer comme des partenaires, de former une équipe, de se dire: Quelle est notre nouvelle réalité, quelle est l'option à privilégier pour être satisfait, pour tourner la page et pour s'assurer d'être le plus productif possible dans le futur?», a-t-il expliqué.

Quelque 100 millions $ supplémentaires ont été investis dans les services de santé mentale. Des centres multidisciplinaires et multiorganisationnels ont ouvert leurs portes à travers le pays pour fournir de l'aide aux vétérans et à leurs familles.

Les Forces ont également investi dans de l'équipement de réadaptation physique à la fine pointe de la technologie, en plus d'engager des psychologues et d'autres professionnels de la santé mentale.

L'argent ne serait pas un problème, aux dires de M. Jung, qui estime que les Forces canadiennes sont «dévouées à apporter le soutien nécessaire».

Choc post-traumatique

Le sénateur et lieutenant-général à la retraite, Roméo Dallaire, croit que la situation a grandement évolué depuis qu'il a parlé publiquement de son expérience de choc post-traumatique en 1997, à son retour d'une mission des Nations Unies pendant le génocide rwandais.

M. Dallaire évalue à 20% le nombre de soldats qui ressentiront les effets des blessures de stress opérationnel.

En vertu de la nouvelle charte du Sénat canadien, les soldats sont éligibles à des paiements pouvant totaliser un maximum de 285 000$, même s'ils ont été sévèrement blessés, comme c'est le cas pour certains membres des troupes qui ont perdu plusieurs membres pendant la guerre.

Au fur et à mesure que le nombre de victimes augmentait en Afghanistan, les soldats avaient commencé à critiquer l'ancienne charte du Sénat canadien. L'ancien ombudsman des vétérans, Pat Stogran, un soldat de formation, avait été renvoyé après avoir comparé la mentalité du gouvernement conservateur à celle d'une «compagnie d'assurance».

M. Dallaire abonde en ce sens.

«Les Canadiens ont la responsabilité, via leur gouvernement, de soutenir les soldats et leurs familles», a-t-il expliqué, en précisant que le Sénat était dévoué à apporter des changements significatifs à la charte.

«Si les conservateurs continuent de faire passer l'économie d'argent avant les soldats, nous verrons des anciens membres des Forces canadiennes dans les prisons, dans les rues et à la morgue», a-t-il prévenu.

Pour les soldats, la guerre en Afghanistan est loin d'être terminée.

«La guerre continuera jusqu'à ce que les soldats reçoivent des traitements complets pour eux et pour leurs familles, et des compensations financières», a déclaré M. Dallaire.