Une centaine de militaires canadiens sont rentrés au pays, lundi, signalant la fin prochaine de la mission de combat en Afghanistan, prévue en juillet.

Ils ont été accueillis dès leur arrivée à l'aéroport de Québec par des membres de leur famille ainsi qu'un petit orchestre de six militaires jouant des airs de dixieland dans le hall de l'édifice.

Une soixantaine de militaires rentrés lundi sont rattachés au Royal 22e Régiment de la base de Valcartier, près de la capitale.

Parmi eux, Jean-Michel Girard-Gariépy a retrouvé sa conjointe Marie-Pierre Fortin, après une séparation de six mois.

M. Girard-Gariépy en était à sa première mission en Afghanistan.

Le technicien médical de 27 ans était pressé de quitter l'aéroport pour retrouver ses trois enfants en bas âge afin de rattraper le temps passé loin d'eux.

«On va aller chercher les enfants pour rattraper le temps perdu et vivre ça en famille pour les prochains jours», a-t-il dit, Mme Fortin à ses côtés.

M. Girard-Gariépy s'est montré satisfait des résultats de la mission canadienne en Afghanistan.

«Ça s'est très bien passé, une belle expérience, a-t-il dit. Ç'a permis de faire la différence ailleurs dans le monde où ils en ont vraiment besoin.»

Les militaires rentrés lundi bénéficieront d'un congé allant jusqu'à un mois et demi.

Ce premier retour sera suivi de plusieurs autres au cours des prochaines semaines, ce qui permettra à environ 2700 militaires canadiens, dont 1900 de Valcartier, de quitter l'Afghanistan d'ici la fin août.

Le gouvernement canadien a prévu de compléter d'ici la fin de juillet la mission de combat des Forces canadiennes en sol afghan.

Certaines zones sous commandement canadien seront reprises par d'autres partenaires militaires, dont les États-Unis.

Les militaires canadiens seront ensuite responsables, jusqu'en 2014, d'une mission de formation de l'OTAN destinée à des membres de l'Armée nationale afghane et de la Police nationale afghane.

La mission de combat en Afghanistan, amorcée en 2002, a entraîné la mort de 156 soldats canadiens, dont 26 de Valcartier.

En franchissant la dernière porte les séparant du hall des arrivées à l'aéroport Jean-Lesage, lundi, les soldats canadiens étaient accueillis par une salve d'applaudissements de la part des familles présentes.

À une trentaine de mètres de la porte où les soldats sortaient, Mme Fortin se dressait sur la pointe des pieds chaque fois qu'elle battait, espérant voir surgir M. Girard-Gariépy.

«Je suis excitée, un peu stressée aussi, je n'ai pas beaucoup dormi la nuit passée», a-t-elle dit quelques minutes avant de retrouver son conjoint.

Mme Fortin a affirmé qu'elle a pu compter sur l'aide de ses beaux-parents pour l'aider à s'occuper de ses enfants durant l'absence de M. Girard-Gariépy.

«C'était difficile parce qu'on a trois enfants qui sont en bas âge, a-t-elle dit. J'ai trouvé ça dur de vivre sans lui, pour l'aide et tout ça.»

Le caporal-chef Richard Glen, qui travaille au Groupe de soutien au déploiement, a affirmé que le rôle de cette unité était d'aider les familles, notamment après le retour des soldats d'Afghanistan.

Sans être en mesure d'avancer un chiffre, M. Glen a expliqué que certains militaires éprouvent parfois des difficultés à se réadapter à la suite de leur séjour prolongé en sol afghan.

«Si jamais le militaire revient et la famille se rend compte qu'il y a quelque chose de bizarre, de pas normal et que ça perdure pendant des mois, ils peuvent nous appeler et on leur parle des services qui sont offerts aux militaires», a-t-il dit derrière une table dressée par son Groupe dans le hall de l'aéroport.

Selon M. Glen, ces situations peuvent survenir notamment quand les militaires continuent de montrer des signes d'impatience et d'irritabilité, trois mois après leur retour de mission.

«Ça peut être un signe précurseur qu'il y a quelque chose de plus profond qui se passe et dans ce temps-là, on essaie de les diriger afin qu'ils aillent d'eux-mêmes vers la chaîne médicale», a-t-il dit.

Les civils quittent aussi l'Afghanistan

Les civils canadiens basés à Kandahar ont commencé à se retirer d'Afghanistan.

Les soldats ne sont pas seuls à quitter le pays le mois prochain. Quelque 75 civils responsables des missions diplomatiques et humanitaires rentrent aussi au bercail.

Joffre Leblanc, l'un des Canadiens travaillant aux côtés des militaires sur le terrain, a passé la majorité de son temps à oeuvrer comme agent régional de stabilisation.

Il affirme qu'il quitte l'Afghanistan avec un sentiment d'espoir.

La tâche de M. Leblanc était de tisser des liens entre le gouvernement de Kaboul, souvent incohérent, et les habitants de zones isolées.

Il dit qu'au cours des onze derniers mois, certains villageois ont commencé à participer à des réunions locales afin de demander pour la première fois l'aide des autorités.