Bien avant que le gouvernement conservateur de Stephen Harper ne confirme la prolongation de la mission des forces canadiennes en Afghanistan, Ottawa a dépensé plus de 18 millions de dollars pour construire de nouvelles résidences pour ses employés à Kaboul et pour la rénovation de son ambassade dans la capitale afghane.

La Presse a révélé, en juin 2010, que le ministère des Affaires étrangères s'apprêtait à investir 5,4 millions pour acquérir un emplacement et bâtir des résidences permanentes pour ses employés de l'ambassade du Canada en Afghanistan.

Mais, selon un document obtenu en vertu de la Loi sur l'accès à l'information, c'est plutôt 18,3 millions qui ont été investis en 2009-2010 pour «l'acquisition et la construction de résidences permanentes d'employés et pour l'ambassade en Afghanistan», peut-on y lire.

«Les fonds sont pour la rénovation et l'amélioration en matière de sécurité pour plusieurs propriétés qui forment l'ambassade du Canada à Kaboul, y compris la chancellerie, la résidence officielle, les résidences pour employés, ainsi que le lotissement initial d'un secteur qui fournira des résidences pour employés à long terme», a indiqué Lara Engel, porte-parole du Groupe de travail sur l'Afghanistan, au ministère des Affaires étrangères.

Mur de sécurité et chancellerie

Parmi les dépenses recensées dans les comptes publics, pour l'année financière 2009-2010, «le nettoyage et la construction d'un mur de sécurité» a coûté près de 1,5 million, alors que la «construction mineure pour aménager le site de la chancellerie» a coûté à elle seule plus de 7 millions.

«L'approbation du Conseil du Trésor a été reçue en décembre 2008 pour la mise à jour et l'expansion de la chancellerie et des logements pour employés, ainsi que pour le bail à long terme de la parcelle de terrain qui sera aménagée progressivement au cours des prochaines années», a souligné Mme Engel.

Ce nouveau lotissement, a-t-elle ajouté, permettra de construire des résidences permanentes, rendues nécessaires en raison de l'afflux de nouveaux employés à l'ambassade du Canada dans la capitale afghane. «Notre présence civile à Kaboul a augmenté entre l'ouverture de l'ambassade en 2003 (quatre employés à l'époque) et aujourd'hui, où nous retrouvons plus de 50 employés canadiens à Kaboul», a expliqué la porte-parole.

Selon le document, l'Afghanistan reçoit d'importants investissements d'infrastructures parce qu'il s'agit d'une des quatre «priorités» du ministère pour l'année 2009-2010, au même titre que les Amériques.

Mais cet investissement survient aussi au moment où Ottawa est critiqué pour avoir mis la clé sous la porte de certaines de ses ambassades en Afrique, dans les dernières années, alors que des rumeurs persistantes affirment que d'autres fermetures pourraient survenir.

En confirmant la prolongation de la mission de l'armée canadienne en Afghanistan, en novembre 2010, Ottawa a aussi annoncé que sa contribution en aide au développement dans le pays sera réduite à 100 millions par année en trois ans, soit moins de la moitié de ce qu'elle était l'an dernier.

Les soldats canadiens, après leur départ de la région de Kandahar, cette année, assureront pour les trois prochaines années la formation des forces de sécurité afghanes, surtout dans la capitale, Kaboul, a indiqué à l'automne le gouvernement conservateur de Stephen Harper, après avoir conclu en catimini une entente avec les libéraux de Michael Ignatieff.

- Avec William Leclerc