L'Afghanistan doit être en mesure d'assurer sa propre sécurité sur l'ensemble de son territoire à partir de 2014.

C'est le pari que fait le Canada en décidant de maintenir en Afghanistan 950 soldats et membres du personnel de soutien afin de former les troupes afghanes pendant trois ans à partir de 2011. C'est aussi le plan de match que veulent adopter les pays membres de l'OTAN durant le sommet de l'alliance militaire qui aura lieu demain et samedi à Lisbonne, au Portugal.

L'avenir de l'Afghanistan figurera en tête de liste de l'ordre du jour de ce sommet auquel le premier ministre Stephen Harper participera. Le président de l'Afghanistan Hamid Karzaï prendra également part à ce sommet afin d'offrir les assurances que les forces de l'ordre seront en mesure d'assurer la sécurité du pays d'ici 2014.

«On s'attend à ce que le président Karzaï s'engage de manière solide envers cette période de transition. Le Canada demeure engagé en Afghanistan jusqu'en 2014, mais on s'attend à ce que les Afghans collaborent également», a expliqué un haut fonctionnaire qui a exigé l'anonymat.

À l'heure actuelle, la Force internationale de stabilisation, l'ISAF, compte quelque 150 000 soldats issus de 48 pays (28 pays membres de l'OTAN et 20 autres). Ces troupes sont sous le commandement de l'OTAN. Le Canada compte 2900 soldats dans la région de Kandahar, province la plus dangereuse de l'Afghanistan. Ces soldats quitteront définitivement Kandahar au plus tard à la mi-juillet, comme le stipule la résolution adoptée par le Parlement en 2008.

Stratégie de transition

La décision du gouvernement Harper de maintenir 950 soldats et membres du personnel de soutien pour faire de la formation dans la région de Kaboul, loin des tirs des insurgés talibans, de 2011 à 2014, s'inscrit dans cette stratégie de transition qui doit permettre aux Afghans d'assurer leur propre sécurité.

«Au sommet de l'OTAN, les dirigeants vont discuter des progrès réalisés en Afghanistan et lancer le processus de transition qui doit permettre au gouvernement de l'Afghanistan de se charger de sa sécurité», selon le premier ministre Stephen Harper.

Le secrétaire général de l'OTAN, Anders Fogh Rasmussen, a fait savoir au cours des derniers jours que le transfert de la responsabilité de la sécurité vers les forces afghanes commencera au début de 2011 dans une région qui n'a pas encore été déterminée.

Durant la période de transition de trois ans, l'objectif de l'ISAF est de faire en sorte qu'elle ne joue plus qu'un rôle de soutien après avoir laissé la responsabilité de la sécurité, district par district, à l'armée et à la police afghanes.

«Nous allons entrer dans une phase fondamentalement nouvelle en Afghanistan», a affirmé le secrétaire général de l'OTAN, convaincu que la stratégie de sortie de l'alliance militaire sera avalisée par ses membres durant le sommet.

Les États-Unis font partie des pays qui soutiennent un retrait progressif des forces de l'OTAN de l'Afghanistan en ayant en tête la date de 2014. L'administration de Barack Obama souhaite en effet commencer à rapatrier une partie de ses quelque 130 000 soldats à partir de juillet 2011.

Le président américain doit expliquer durant le sommet de Lisbonne les détails du plan concocté par son administration destiné à transférer aux forces afghanes les missions de combat dans certaines régions du pays au cours des 18 à 24 mois, a rapporté plus tôt cette semaine le quotidien The New York Times.

Moderniser l'OTAN

Durant le sommet de deux jours, les pays membres de l'alliance doivent adopter un nouveau «concept stratégique» visant à alléger et à moderniser la structure de l'OTAN.

Ce nouveau concept doit réaffirmer la mission de l'OTAN, soit de défendre le territoire de ses membres et maintenir la solidarité entre alliés en cas d'attaque contre l'un d'eux.

Mais l'Alliance doit tenir compte de nouvelles menaces qui n'ont plus rien à voir avec la guerre froide: le terrorisme international, la prolifération des missiles balistiques, les attaques informatiques, entre autres.

L'OTAN doit aussi tirer des leçons de son expérience en Afghanistan. Quand l'Alliance sera appelée à intervenir dans un pays du même genre, elle devra tenter de former dès le début des opérations des forces de sécurité nationales capables de prendre en temps et lieu le relais.

Enfin, l'OTAN doit chercher à approfondir ses relations avec des pays comme la Russie ou qui font partie de la zone Asie-Pacifique, de la Méditerranée et du Golfe.

Avec l'AFP