Un cordon de sécurité établi autour de la ville de Kandahar n'a pas réussi à repousser les insurgés à l'extérieur, ceux-ci revenant en ville tandis que les forces de la coalition augmentent la cadence de leurs opérations dans les régions rurales de la province.

Le périmètre a été érigé sous le commandement de l'armée canadienne en tant que partie intégrante de la phase initiale de l'offensive en cours pour stabiliser Kandahar, et consiste en un ensemble de points de contrôle.

Le dispositif est passé sous contrôle américain dans les derniers mois, et les responsables militaires américains avouent désormais qu'il n'avait pas offert le niveau de sécurité désiré à l'intérieur de la ville.

Les commandements militaires américains et canadiens ont tous deux vanté des victoires récentes contre les talibans dans plusieurs régions rurales de la province de Kandahar. La violence au sein de la ville même n'a cependant pas connu de répit.

Les talibans ont lancé une campagne d'assassinat contre quiconque associé avec le gouvernement afghan, répandant une vague de terreur à travers la ville.

Au cours des deux derniers mois, ils sont parvenus à tuer - entre autres - deux membres d'un conseil religieux, un maire adjoint, un responsable de l'enseignement et un gardien de prison.

Au dire de Peter Dimitroff, un consultant en sécurité pour une ONG présente dans le sud de l'Afghanistan, le périmètre de sécurité a échoué sur toute la ligne. Selon des données de M. Dimitroff, il y a eu 18 attaques à l'engin explosif artisanal à Kandahar dans les 12 dernières journées d'octobre uniquement, et ces attaques auraient été réparties dans de nombreux districts municipaux.

«Il n'y a aucune zone de Kandahar qui a été fermée par un cordon de sécurité, a-t-il dit. (Les insurgés) peuvent toujours frapper n'importe où, à l'heure qui leur convient».

L'idée d'ériger un tel dispositif de sécurité autour de la ville a été dévoilée par le brigadier-général Daniel Ménard peu après qu'il eut pris le commandement de la mission canadienne à Kandahar en novembre dernier.

Le qualifiant d'«anneau de stabilité», le général Ménard a envisagé la création d'une zone sûre à l'intérieur de la région urbaine qui permettrait une hausse des projets de construction. Cela offrirait aussi une plate-forme de lancement pour les phases subséquentes de l'opération Hamkari, qui vise à déloger les talibans de leurs places fortes, tout d'abord dans le district d'Arghanbad, puis de Zhari, et enfin de Panjwaï.

Toutefois, au fur et à mesure que les troupes ont nettoyé village après village au cours de l'été, les insurgés ont pu se regrouper en ville.

Des responsables de l'OTAN ont tenté de mettre de côté la récente vague de violence comme étant largement le fait de l'activité criminelle. L'ancien commandant pour le sud de l'Afghanistan, le major-général Nick Carter de l'armée britannique, a comparé Kandahar à Moscou au début des années 1990.

Des observateurs civils ont cependant indiqué qu'ils étaient frappés par l'absence de violence aléatoire, laissant entendre que des groupes d'insurgés s'étaient établis en ville.