Le premier ministre Stephen Harper ne croit pas qu'un vote au Parlement soit nécessaire pour prolonger la mission des soldats canadiens en Afghanistan.

Il a annoncé jeudi sa décision de maintenir là-bas quelques centaines de soldats jusqu'en 2014 au lieu de les rappeler en 2011, comme en avait décidé le Parlement en 2008.

Les soldats auront comme mandat de former les troupes afghanes dans la région de Kaboul, capitale du pays, loin des tirs des insurgés talibans.

M. Harper, qui répétait depuis deux ans que tous les soldats seraient rapatriés à la fin de leur mission de combat à Kandahar, a fait valoir que les députés n'avaient pas à voter, contrairement à 2006 et 2008, parce qu'il ne s'agira plus d'une mission de combat.

«Si le gouvernement voulait s'engager à mettre nos soldats au combat, il serait nécessaire à mon avis, du point de vue de la légitimité, d'avoir l'appui de la Chambre des communes, mais pour des missions de formation ce n'est pas nécessaire. L'exécutif peut prendre de telles décisions», a déclaré le premier ministre lors d'un point de presse tenu au terme du sommet du G20, à Séoul.

Le premier ministre s'est toutefois dit prêt à débattre de cet important enjeu de la politique étrangère du Canada à la Chambre des communes, si tel est le souhait des partis de l'opposition.

«Si l'opposition a des idées, des suggestions, je ne résiste pas à un tel débat. En fait, j'ai remarqué dans les derniers mois que le Parti libéral avait énoncé très clairement son intérêt pour une mission d'entraînement.»

L'opposition divisée

Le Parti libéral a aussi affirmé que le gouvernement Harper pouvait prendre la décision de maintenir un contingent de soldats à des fins de formation sans tenir un vote aux Communes.

Le NPD s'est dit outré hier d'apprendre que le premier ministre refuse de soumettre cette question à un vote aux Communes.

«Stephen Harper avait pris l'engagement solennel de ramener nos troupes à la maison l'an prochain, mais il a encore une fois rompu une de ses promesses. Quant aux libéraux de Michael Ignatieff, ils ont été heureux d'emboîter le pas et de rompre eux aussi leur engagement», a affirmé le chef néo-démocrate, Jack Layton.

«Le premier ministre a attendu que les députés aient quitté Ottawa avant de négocier une entente en coulisse avec les libéraux de Michael Ignatieff pour prolonger la mission militaire en Afghanistan. C'est inacceptable», a-t-il ajouté.

M. Layton estime qu'il est nécessaire de tenir un débat en bonne et due forme aux Communes et de tenir un vote sur la suite de la mission en Afghanistan.

Depuis 2002, 152 militaires, 2 travailleuses humanitaires, 1 journaliste et 1 diplomate canadiens ont perdu la vie.

La mission a coûté jusqu'ici près de 10 milliards de dollars aux contribuables.