Des documents fédéraux indiquent que le Canada a refusé une demande directe de l'OTAN d'augmenter son nombre de soldats dans le sud de l'Afghanistan lors de la préparation de l'élection présidentielle de l'an dernier.

Il s'agit de l'une des requêtes les plus précises reçues par Ottawa depuis des années et cela démontre bien les abîmes dans lesquels le gouvernement conservateur risque de tomber, au pays comme à l'étranger, alors que cette décision libère quelque peu le pays d'une guerre coûteuse.

Une note préparée pour le ministre de la Défense, Peter McKay, indique que l'OTAN et les États-Unis espéraient tous deux que le Canada augmente son contingent militaire pour protéger Kandahar face à une hausse de la violence pré-électorale liée aux talibans.

La demande a sèchement été refusée.

La note suggère, avec une certaine exaspération, que les alliés semblaient avoir oublié à la fois l'impact de quatre ans de conflit sur la petite armée canadienne et l'intense débat politique qui secoue le gouvernement minoritaire.

«Il serait important de communiquer aux alliés - et peut-être aux citoyens canadiens - que le Canada contribue déjà de manière significative à cette région où les risques de violences liées aux élections sont les plus élevés. Les alliés devraient comprendre que le Canada en fait déjà le maximum possible», développe la note.

Le document demande également au ministre McKay de modifier les règles d'engagement pour les autres pays de l'OTAN afin d'autoriser ceux déjà présents en Afghanistan à se battre dans le sud.

L'hiver dernier, l'OTAN avait demandé davantage d'instructeurs militaires, et le Canada en avait fourni 90. Mais il avait été spécifié - encore une fois - que ceux-ci rentreraient au pays en juillet 2011, tout comme le reste de l'armée.

Ces requêtes continuent d'affluer même si le pays quittera la région dans moins d'un an, ce qui en dit long sur non seulement la perception des alliés de la capacité militaire du Canada, mais aussi des attentes internationales créées par la réthorique de persévérance employée par le gouvernement conservateur.

Le ministre a déclaré que l'OTAN en était venue à exiger beaucoup du Canada en raison de la forte contribution du pays à la campagne afghane. «Je crois que nous en avons fait plus que pour la plupart des armées de notre taille», a-t-il ajouté.

Le fait que le Canada ne puisse pas - ou ne veule pas - fournir ne serait-ce que quelques centaines de soldats supplémentaires surprend certains commandants de l'OTAN à Kaboul, surtout des Américains. Ceux-ci se rappellent que le Canada avait fourni 4000 casques bleus dans les années 1990, à une époque de restrictions budgétaires.