Les insurgés armés jusqu'aux dents et les engins explosifs improvisés ne sont pas les seuls obstacles rencontrés par les soldats canadiens: ils doivent aussi combattre la machine de propagande talibane afin de gagner la confiance des villageois afghans.

Les Afghans vivent encore comme leurs pères et comme leurs grands-pères; leurs attitudes mettent donc du temps à changer.

Il est encore ardu pour la population de cette terre aride marquée par des siècles de guerres d'accepter les étrangers - et encore plus de leur faire confiance.

Selon le sergent Tyson Martin, qui dirige les opérations psychologiques dans le district de Panjwaii, il manque un élément considérable à l'arsenal dont disposent les soldats canadiens: le pouvoir d'influencer la population locale.

Car depuis des années, les talibans ont perfectionné l'art de l'intimidation et de la propagande. Le défi des opérations psychologiques est donc de taille, qu'ils tentent de relever en rencontrant les chefs de villages afin de renverser la vapeur.

Ainsi, le travail des militaires des opérations psychologiques s'apparente davantage à celui d'un vendeur. Essentiellement, leur mandat est de convaincre la population locale appauvrie d'accepter la présence des forces canadiennes.

Tyson Martin, qui a travaillé comme directeur des ventes dans sa vie de civil, estime que pour faire ce boulot, les soldats doivent posséder une spécialité et des aptitudes qui leur permettent d'interagir avec les gens.

Il n'aime pas le terme «propagande», qui a une connotation négative. Mais, dit-il, le mandat premier des opérations psychologiques demeure d'influencer la population et l'ennemi.

Le sergent Martin préfère ainsi utiliser le terme «unité anti-propagande» lorsqu'il parle de son groupe.

«Nous sommes sur le terrain et nous essayons de transmettre les informations émises par les opérations d'information, relate le natif d'Ottawa. Nous voulons influencer la population et obtenir de l'information en retour. Et quand nous voyons quelle information les insurgés tentent de livrer, nous élaborons des plans pour la contrer.»

En plus de chercher à instaurer un climat de peur, les talibans lancent des rumeurs au sujet des forces de l'OTAN.

Leurs méthodes sont parfois d'une simplicité désarmante: ils diront aux villageois, par exemple, que les soldats afghans n'ont pas le droit de prier ou raconteront qu'un soldat a transpercé un livre du Coran avec une baïonnette.

«Le niveau d'intimidation et de peur que subit la population d'Afghanistan est très élevé», affirme le sergent Martin. Et la peur, soutient-il, est un adversaire coriace.