La blague qui circule depuis quelque temps à Ottawa veut que la fin imminente de la guerre en Afghanistan laisse le Canada avec une belle petite armée prête à sortir, mais sans endroit où aller.

Ceux qui portent l'uniforme ne la trouvent pas très drôle.

L'intervention militaire sur le sol afghan a transformé les Forces canadiennes, en particulier l'armée de terre, grâce à une grande quantité de nouveau matériel. Mais plus important encore, elle a formé une génération entière de soldats et d'officiers qui possèdent maintenant l'expérience des combats.

La façon dont les Forces canadiennes seront employées, le moment auquel elles le seront et l'endroit où elles devraient l'être une fois que cesseront les opérations militaires à Kandahar, l'été prochain, sont des questions auxquelles commencent à songer les députés et les décideurs politiques.

Si de récentes audiences et le rapport d'un comité du Sénat sont une indication des choses à venir, le débat sera long et pénible.

Le traumatisme causé par la campagne afghane commence à se faire sentir, et certains dans les rangs des pouvoirs politiques affirment qu'il faudra attendre beaucoup, beaucoup de temps avant qu'un autre gouvernement fédéral ne laisse l'armée aller se battre de la façon dont elle l'a fait dans les champs et couloirs de montagnes poussiéreux et sanglants de l'Asie du sud-ouest.

Sondage après sondage, groupe de concertation après groupe de concertation, les gens réclament un retour des Forces à ce qu'ils estiment être son rôle traditionnel sur la scène mondiale - le maintien de la paix. Et on ne parle ici que d'enquêtes d'opinion menées par le ministère de la Défense nationale lui-même.

Le major-général à la retraite Lewis MacKenzie croit que le gouvernement fédéral devra choisir soigneusement les missions qu'il confiera à l'avenir aux Forces, qu'elles soient chapeautées par l'ONU ou l'OTAN.

L'expérience d'avoir été laissé «seul» à Kandahar par des partenaires de l'OTAN récalcitrants est une chose que ne devrait pas oublier le Canada, a-t-il affirmé.

Les Canadiens affichent beaucoup plus d'enthousiasme pour des missions telles que celle menée l'hiver dernier en Haïti, où l'armée, la marine et l'aviation ont joint leurs efforts pour fournir une aide humanitaire rapide à une nation secouée par le séisme qui venait de ravager son pays, en janvier.

Si les célébrations de la fête du Canada sur la Colline du Parlement, la semaine dernière, sont révélatrices de quoi que ce soit, le gouvernement conservateur est disposé à se tourner vers ce genre d'intervention. Le rôle militaire joué par le Canada en Haïti a été mis en lumière dans le cadre de la présentation d'un diaporama sur d'immenses écrans, en présence de la reine Elisabeth II et de 100 000 personnes.

Néanmoins, certains membres des Forces sont horrifiés par la perspective d'un retour au traditionnel rôle de maintien de la paix, bien que l'aspect positif de l'aide humanitaire séduise les sous-officiers et hommes de troupe.

La phrase «esprit guerrier» est entendue souvent parmi les rangs militaires, ces jours-ci. La préservation de l'esprit de corps qui a été créé ces dernières années - et la place qu'il a donné aux soldats dans la conscience nationale - est en train de devenir une source de préoccupation.