Un interprète afghan, témoignant au procès du capitaine Robert Semrau, a déclaré avoir louangé l'accusé pour avoir exécuté un insurgé blessé et désarmé après avoir aperçu de la fumée émaner du canon de l'arme du militaire.

L'interprète, qui a témoigné en cour samedi à Kandahar sous le pseudonyme de Max en raison d'une ordonnance de non-publication visant à protéger son identité, a affirmé que le capitaine Semrau lui avait dit, quelques instants avant que le combattant soit tué, de rester derrière lui.

«J'étais heureux parce que c'était un taliban, a expliqué Max. J'ai dit au capitaine (Robert Semrau): "Vous avez fait du bon travail".»

Avant son témoignage, l'interprète était entré en souriant dans une tente de l'aérodrome de Kandahar convertie en salle d'audience pour le procès du capitaine Semrau, saluant chaleureusement au passage les membres de la cour.

«Bonjour tout le monde», a lancé l'interprète avant de jurer de ne dire que la vérité en tenant un coran.

Max, qui travaillait pour les Forces canadiennes, a raconté qu'il participait, avec des soldats canadiens et de l'Armée nationale afghane, à une patrouille relativement tranquille le long d'un champ de blé le 19 octobre 2008 en soirée lorsqu'ils ont trouvé un taliban grièvement blessé.

Max a affirmé que l'homme avait du sang sur lui et avait les yeux fermés.

Le procureur, le capitaine Thomas Fitzgerald, a ensuite demandé à l'interprète s'il savait si l'insurgé vivait toujours à ce moment-là.

«Il bougeait, monsieur», a répondu Max.

Le témoin a ensuite affirmé qu'il avait entendu, quelques instants plus tard, alors qu'il se trouvait à entre 5 et 10 mètres du soldat Semrau, un seul coup de feu et vu l'arme du capitaine visant la tête de l'insurgé.

«J'ai vu la fumée sortir du canon de l'arme», a soutenu l'interprète devant un comité de quatre juges militaires.

Max a par la suite toutefois précisé qu'il n'avait pas vu la balle pénétrer dans le corps de l'insurgé.

Âgé de 36 ans, le capitaine Semrau serait le premier soldat canadien à être accusé en lien avec une exécution sur un champ de bataille. Il a plaidé non coupable à quatre chefs d'accusation, dont l'un pour meurtre au second degré.

L'incident serait survenu dans la province de Helmand. Aucun corps n'a jamais été retrouvé.

Samedi, la version des faits de Max contredisait parfois des témoignages précédents.

Par exemple, l'interprète a soutenu à plusieurs reprises que le seul coup de feu qu'il avait entendu durant cette journée «très calme» était celui tiré vers le combattant.

La poursuite avait toutefois indiqué que Max allait témoigner qu'il avait entendu deux coups de feu distincts, puis qu'il s'était retourné à temps pour voir le capitaine Semrau tirer le second coup.

De plus, la cour avait entendu que l'unité de Robert Semrau et les soldats afghans avaient dû affronter une série d'embuscades durant la patrouille à pied et qu'un raid par hélicoptère avait été demandé.