Un des anciens généraux les plus en vue du Canada estime que l'armée canadienne doit demeurer en Afghanistan pour un rôle de formation après la fin de sa mission de combat, l'an prochain.

Le major-général à la retraite Lewis MacKenzie a déclaré à un comité de la Chambre des communes que, selon lui, un accord politique en faveur du maintien des troupes en Afghanistan est en train de se former.

«C'est encourageant pour moi de constater qu'il semble y avoir un accord sur le fait qu'il s'agirait là d'un rôle idéal pour nos troupes», a déclaré le major-général MacKenzie, qui a dirigé les forces onusiennes à Sarajevo lors de la guerre des Balkans.

Il a ajouté que les soldats sont effectivement épuisés et que la mission de combat à Kandahar doit prendre fin, mais que cela ne devrait pas se traduire par une fin de l'implication militaire canadienne.

Le major-général MacKenzie a toutefois précisé qu'une telle mission ne devrait pas impliquer le déploiement de soldats canadiens aux côtés de leurs collègues afghans.

Ces unités conjointes, les équipes de liaison et de tutorat opérationnel (ELTO), n'obtiendraient pas la faveur de la population canadienne, qui a vu 148 de ses soldats perdre la vie depuis le début de la mission en Afghanistan, soutient le major-général. Il a cependant émis le souhait que «nous laissions quelque chose derrière nous».

Le major-général MacKenzie répète depuis longtemps que les États-Unis «ne savent même pas que nous sommes en Afghanistan». Par contre, selon lui, lorsque résonneront les derniers accords de cornemuse et que les troupes prendront place dans le dernier C-17 en direction du Canada, «tout le monde saura que nous avons quitté».

Plus tôt cette semaine, le chef du Parti libéral, Michael Ignatieff, a affirmé que la prolongation de l'engagement militaire faisait partie de la politique étrangère de sa formation.

En mars 2008, une motion avait été présentée au parlement canadien pour réaffirmer la volonté de faire cesser l'opération de combat à Kandahar en juillet 2011 et de rapatrier les troupes en l'espace de six mois.

Malgré les pressions exercées par Washington et par certains de ses ministres, le premier ministre Stephen Harper avait maintenu que les troupes quitteraient l'Afghanistan définitivement.

Cependant, cette semaine, lorsqu'on a demandé à M. Harper s'il considérerait la proposition de Michael Ignatieff, il a étonné en évitant de reformuler exactement la position de son gouvernement sur la question.

«Il est très intéressant que le premier ministre ait évité de répondre clairement à la question», a dit le chef du Nouveau Parti démocratique, Jack Layton.

«Je lui ai donné plus d'une chance de répondre, et il a choisi de ne pas le faire», a ajouté M. Layton. Il estime que «les Canadiens devraient être inquiets de voir que les deux vieux partis travaillent ensemble pour que les troupes prolongent leur présence en Afghanistan».

Le major-général MacKenzie a prévenu le comité qu'Ottawa devrait choisir avec soin les missions de maintien de la paix qu'il accepte. Le gouvernement, croit-il, devrait uniquement accepter les missions où les deux parties ont clairement accepté de mettre fin aux combats.