Le Canada pourrait maintenir une présence militaire en Afghanistan une fois que prendra fin sa mission de combat l'an prochain afin de consolider les forces de sécurité nationale du pays, ont fait savoir des membres du comité des Communes sur la mission canadienne en Afghanistan.

Les Forces armées canadiennes doivent conclure leur mission militaire en Afghanistan en juillet 2011. Toutefois, les dirigeants de l'OTAN ont plusieurs fois demandé au Canada d'y maintenir une certaine présence militaire non-combattante qui aiderait les efforts actuels - et souvent frustrants - de formation des soldats et officiers de police locaux.

Il s'agit d'un scénario que le comité est prêt à explorer, a reconnu Bob Rae, porte-parole libéral en matière d'Affaires étrangères aux Communes, et membre du comité.

«La porte est dorénavant ouverte pour l'amorce de sérieuses discussions au Canada, puis entre le Canada et l'OTAN, sur ce à quoi ressemble l'avenir», avait confié M. Rae, plus tôt cette semaine, lors d'une visite des membres du comité à la base aérienne de Kandahar.

«Le Canada a consacré beaucoup d'énergie à l'amélioration de l'efficacité de la police, des forces militaires afghanes et du système judiciaire de l'Afghanistan, et je pense que ça doit continuer.»

Les membres du comité ont effectué des tournées de Kandahar et de Kaboul cette semaine, mais les détails de ces visites ne pouvaient être rendus publics avant jeudi, pour des raisons de sécurité.

Le conservateur Kevin Sorenson, qui préside le comité, croit que le Canada pourrait jouer un rôle important dans la consolidation des forces policières et militaires de l'Afghanistan en 2011 et au-delà.

«Nous sommes tous conscients que la police afghane et les forces militaires devront devenir plus efficaces encore si elles veulent protéger leur propre pays, et le Canada peut y contribuer», a-t-il fait savoir.

Le dossier délicat du rôle éventuel du Canada en Afghanistan hante le gouvernement fédéral depuis que le Parlement a adopté une motion, il y a deux ans, qui exige des Forces armées canadiennes de mettre fin à leurs opérations de combat d'ici juillet 2011 et de se retirer de Kandahar.

Le Bloc québécois, dont son porte-parole en matière de défense, Claude Bachand, était aussi du voyage à Kandahar, prône aussi la fin de la mission militaire canadienne en Afghanistan, mais ouvre la porte à une présence canadienne dans un cadre humanitaire.

À l'heure actuelle, le Canada compte encore une cinquantaine de policiers, issus de la Gendarmerie royale du Canada et de corps municipaux, ainsi qu'une quarantaine d'officiers de la police militaire. Leur rôle est de former les policiers afghans au centre de reconstruction provinciale à Kandahar.

Récemment, le gouvernement américain a ajouté d'autres ressources humaines à la base et il gère maintenant un centre d'entraînement des policiers près de la base aérienne de Kandahar.

À Washington, on préférerait que les forces de combat du Canada demeurent en poste. Toutefois, tel que l'a évoqué la Secrétaire d'État des États-Unis, Hillary Clinton, le Canada pourrait se voir confier un rôle accru dans la formation et l'entraînement de l'armée afghane, ce que le pays fait déjà.

Selon Jack Harris, porte-parole néo-démocrate en matière de Défense, des pourparlers sont en cours pour déterminer le rôle du Canada après 2011. Toutefois, M. Harris a laissé entendre qu'une présence militaire n'est pas l'unique scénario envisagé.

«Les Canadiens ne veulent pas voir tous ces sacrifices n'aboutir à rien, a fait remarquer M. Harris. Aussi, de nombreuses inquiétudes subsistent, autant sur le plan humanitaire que de la construction d'édifices institutionnels. À ce sujet, la nécessité d'une présence militaire ou non mérite réflexion. Il existe bien des façons de contribuer à la construction d'édifices institutionnels.»