Les négociations qui devaient éviter une querelle parlementaire et le possible déclenchement d'élections générales sur la divulgation des documents au sujet des détenus afghans semblaient être dans l'impasse, jeudi.

Les discussions devaient reprendre vendredi matin, laissant au gouvernement et aux partis d'opposition moins de cinq heures avant la date butoir fixée par le président de la Chambre des communes Peter Milliken.

Ce dernier a statué il y a deux semaines que les parlementaires ont un droit absolu de prendre connaissance des documents ayant trait au traitement des détenus ennemis en Afghanistan.

En cas d'échec des pourparlers vendredi, une motion d'outrage au Parlement pourrait être adoptée contre le gouvernement. Ce qui pourrait entraîner une myriade de conséquences, allant du déclenchement d'une élection à l'arrestation de ministres.

Le leader parlementaire du Bloc québécois, Pierre Paquette, a affirmé jeudi que le gouvernement Harper avait émis de nouvelles conditions à la toute dernière minute.

«Le gouvernement a mis de nouvelles conditions sur la table», a-t-il mentionné après une session de négociations. «Leur position n'est pas la même....alors nous sommes loin d'une solution», estime-t-il.

Le chef du Bloc Gilles Duceppe a accusé le gouvernement d'agir de façon irresponsable et a affirmé qu'il est prêt «pour toute éventualité» si les négociations devaient achopper. «Ce serait déplorable», a-t-il laissé tomber.

Les négociateurs du NPD ne sont pas allés aussi loin que de prétendre que de nouvelles conditions avaient été imposées, ou qu'il y avait eu un recul dans les pourparlers. Mais selon le député néo-démocrate Joe Comartin, les partis d'opposition ont été un peu surpris par les détails et par l'importance que le gouvernement accorde à certains d'entre eux.

Aucun des partis ne voulait élaborer sur leur positions.

Le ministre de la Justice Rob Nicholson, le principal négociateur pour le gouvernement, a laconiquement dit: «Nous progressons».

Quant au leader parlementaire libéral Ralph Goodale, il est «encore confiant» qu'une entente puisse être conclue d'ici vendredi après-midi.

«On a encore du pain sur la planche. C'est un processus difficile mais constructif», a indiqué M. Goodale.

Le gouvernement conservateur et les partis d'opposition se sont entendus jusqu'à maintenant pour qu'un petit comité spécial - composé d'au moins un député de chaque parti et tous tenus sous serment au silence - consulte les documents pertinents non censurés au sujet des allégations de torture des détenus afghans.

Ils n'ont pas encore déterminé comment régler les conflits qui pourraient survenir sur le choix des documents à être rendus publics, sans compromettre la sécurité nationale.

Des sources ont affirmé que le gouvernement est inflexible sur un point: il souhaite qu'un groupe d'éminents juristes ou d'avocats tranche en cas de litige.

Les libéraux et le Bloc semblaient prêts à suivre le gouvernement sur cette voie. Mais au fur et à mesure que les négociations se sont embourbées dans des choses plus sérieuses jeudi, le Bloc aurait regimbé, selon des sources.

Les néo-démocrates ont insisté tout au long du processus pour que les conflits sur le choix des documents à divulguer soient réglés par les députés siégeant sur le comité spécial.

Le président de la Chambre des communes avait initialement accordé deux semaines aux partis pour s'entendre sur le processus, un délai venant à échéance mardi dernier. La date butoir a été repoussée à vendredi à la demande de tous les partis.