De nouvelles allégations contenues dans les documents déposés jeudi à la Chambre des communes renforcent la nécessité de tenir une enquête publique sur le dossier des détenus afghans, estime l'opposition à Ottawa.

Mauvais traitements infligés par les autorités afghanes aux prisonniers, exécutions, confusion dans le transfert de détenus; une première analyse du contenu des quelque 2500 pages, lourdement censurées, a soulevé la consternation des partis de l'opposition, au lendemain du dépôt-surprise de ces documents par le gouvernement conservateur.«Ces documents ne montrent pas seulement qu'il y avait des allégations plus sérieuses qu'on ne croyait, mais aussi que le gouvernement devait forcément être au courant», a estimé le député du NPD Paul Dewar.

«On voit que l'armée avait, dès 2006, fait connaître aux autorités l'existence d'allégations de torture et qu'on a présenté des solutions que le gouvernement n'a pas voulu suivre, a pour sa part souligné le leader parlementaire du Bloc québécois, Pierre Paquette. Il y a énormément d'allégations un peu partout. Mais on ne peut pas les vérifier parce qu'on n'a pas l'ensemble des faits.»

Le ministre des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, a assuré en Chambre que «toutes les allégations» avaient fait l'objet d'enquêtes des Forces canadiennes et qu'elles s'étaient toutes révélées «non fondées».

«Les collègues de l'autre côté de la Chambre ont demandé le dépôt des documents. Nous avons rendu ces documents et nous continuerons de rendre ces documents disponibles, ceux que la loi nous permet de divulguer», a conclu le ministre.

Mais pour le leader parlementaire du Parti libéral, Ralph Goodale, la remise tardive de documents «incohérents et incomplets» est un calcul du gouvernement pour tromper les parlementaires en les envoyant dans toutes les directions, «loin de la vérité».

«Ça représente exactement les raisons pour lesquelles nous exigeons une enquête publique pour aller au fond des choses», a renchéri le député libéral Marcel Proulx.

Un ordre du Parlement, adopté le 10 décembre dernier, somme le gouvernement de remettre aux députés l'ensemble des documents, non censurés, dans le dossier du transfert des prisonniers afghans par les autorités canadiennes. L'opposition attend impatiemment la décision du président de la Chambre, Peter Milliken, à savoir si le gouvernement a commis un outrage au Parlement en refusant de se plier à cet ordre.